Medea (1969)
Médée la magicienne, fille du roi de Colchide, voit arriver sur sa terre le prince Jason venu enlever la Toison d’Or, l’idole de son peuple. Tombée folle amoureuse du jeune Grec, elle trahit sa famille et son pays en dérobant pour lui la Toison d’Or et s’exile à ses côtés…
En 1969, Pasolini adapte une nouvelle pièce antique, la Médée d’Euripide. Médée, comme Mamma Roma, est d’abord la rencontre de Pasolini avec une femme, la Diva, Maria Callas avec qui le cinéaste vit une grande amitié amoureuse. Il s’agira du seul rôle que la Callas acceptera d’interpréter et elle s’y révèle une actrice d’une fascinante force iconique : presque muette, elle exprime par son visage toute la passion et la douleur de son personnage. Pasolini poursuit son analyse du monde mythologique et lui oppose celui moderne et raisonnable qu’il exècre de plus en plus. Médée, la magicienne qui accomplit des rites païens et barbares suit pour son malheur le rusé, raisonnable et laïc Jason. Métaphoriquement, dans ce conte tiers-mondiste, le destin de Médée renvoie à la collision des peuples avec une modernité inadaptée et destructrice.
Aurore Renaut, ARDC