Charles mort ou vif

De Alain Tanner
Suisse - 1969 - vofr - 94' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

A l'aube du centième anniversaire de son entreprise, Charles De, brillant homme d'affaires, las de sa vie disparaît dans la nature. Ses seuls complices sont sa fille et un couple qu'il vient de rencontrer. Son fils fringuant entrepreneur le fait rechercher par un détective.

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Critique

Suite à un entretien accordé à un journaliste de la télévision, un patron respectable et respecté d'une usine fournissant des pièces d'horlogerie prend soudain conscience de tout ce qu'il a renié. Du coup, il ne rentre plus chez lui, prend une chambre à l'hôtel, hiberne. Puis fait la connaissance d'un couple de marginaux bohèmes, des énergumènes qui l'hébergent dans leur maison, à la campagne. A leur manière, bordélique, chaleureuse mais aussi déprimante parfois, les trois y refont le monde.

C'est une date dans le cinéma helvétique. Ce premier long métrage d'Alain Tanner lançait alors ce qu'on a appelé un temps le « nouveau cinéma suisse », sorte de Nouvelle Vague (comprenant Michel Soutter et Claude Goretta), pleine de fraîcheur libertaire et roborative.

C'est sur les braises de Mai 68 que le film a été conçu. L'idée originale : transmettre un vent de subversion depuis l'intérieur du capitalisme, en prenant un capitaine d'industrie en rupture de ban. Un mélange de dérision (le nouvel ami du patron est un zigoto incontrôlable qui n'hésite pas à balancer la voiture de ce dernier dans le précipice) et de pessimisme rude, à l'image du froid hivernal et de la neige qui enveloppe l'action.

Ebauche à bien des égards de La Salamandre, réalisé deux ans après, le film permet surtout de mesurer tout le talent de François Simon, fin comédien, homme de théâtre. Le genre de grand monsieur fort discret.

Jacques Morice, Télérama