(…) Dans le rôle principal, l'acteur Manfred Liechti est à la fois le centre vibrant et le pôle reposant du film. Il nous fait ressentir ce que Peter K., un être humain énigmatique que l'on dit ancien mathématicien, aurait pu vivre pendant sa fuite. "J'ai trouvé le film assez fascinant. Il y a une vraie volonté d'efficacité. On est dans une forme de thriller paranoïaque qui peut être assez puissant. J'aime bien aussi le début parce qu'on suit de l'intérieur la paranoïa de cet homme qu'on voit obsédé à l'idée d'un état policier dès qu'il voit une caméra de surveillance, et il a l'impression qu'on lui veut du mal. Cette intériorité me fascine", souligne pour sa part Rafael Wolf, spécialiste cinéma de la RTS. Peter K. avait aussi ses supporters. En ville de Bienne, des gens imprimaient des t-shirts à son effigie et des tracts étaient jetés dans les forêts jurassiennes pour tenter de faire revenir le fugitif à la raison. Car Peter K., seul contre l'Etat raconte une histoire universelle. "C'est l'histoire de David contre Goliath, du petit individu qui se bat contre la grande machine qu'est l'Etat, explique Laurent Wyss. Ce film dévoile le fait qu'il y a des gens pour qui la société devient trop lourde à supporter. Je crois que l'histoire de Peter K. montre aussi que pour beaucoup de gens, les changements constants de notre société nous oppressent". Peter K. est toujours incarcéré à la prison de Thoune où il continue de penser que la police et l'Etat le persécutent. De sa cellule, il a pu voir le film de Laurent Wyss à qui il a d'ailleurs écrit une lettre suite à la projection. "Il dit dans cette lettre qu'il est 100% d'accord avec ce film, ce qui m'a quand même surpris parce qu'on le critique tout de même", glisse le réalisateur. Peter K., seul contre l'Etat a cartonné en Suisse alémanique et surtout à Bienne où cette affaire a marqué durablement les esprits.

Antoine Droux, RTS