Girl Gang
Leonie, 14 ans, originaire de l'Est de Berlin, conquiert le monde en tant qu'influenceuse pour adolescentes. Des millions de followers sont à ses pieds, les entreprises la couvrent de leurs produits. Lorsque les parents de Leonie reconnaissent l'énorme potentiel économique de leur fille, ils prennent rapidement en charge sa gestion.…
Dans un centre commercial, une foule de jeunes femmes se précipite à la rencontre de leur idole : Léonie. Elle n'est ni musicienne, ni actrice : elle est influenceuse sur les réseaux sociaux. Elle rencontre un tel succès que même ses parents ont abandonné leur propre travail pour l’aider à gérer sa carrière, son père signe des partenariats avec des marques. Ensemble, ils dirigent une petite entreprise et Léonie en est le produit. Si au début, tout se passe bien, petit à petit, l'adolescente semble se désintéresser de l'affaire. Mais ses parents ne le remarquent pas - ou du moins, refusent de l’admettre.
Pendant plusieurs années, la réalisatrice allemande Susanne Regina Meures (Raving Iran) a suivi cette famille de la périphérie berlinoise. Dans son documentaire Girl Gang, elle dresse, un portrait non seulement oppressant de ses protagonistes, mais aussi une étude suffocante des mœurs actuelles. Contrainte à un travail acharné, tout n’est qu’apparence et superficialité dans l’univers de la jeune Léonie. La chirurgie esthétique est même envisagée. Son grand sourire devant la caméra laisse place à une mauvaise humeur, une fois celle-ci éteinte, alors qu’elle prend ses parents comme souffre-douleurs. Mais on ne ressent guère de pitié pour eux, ses parents l’ayant bien cherché. Rappelant l’excellent Sweat présenté à Cannes en 2021, le documentaire s’attaque aux abysses des réseaux sociaux. Fragile alors que l’ennuie guette l'adolescente, Susanne Regina Meures nous plonge de l’autre côté d’Instagram et montre que cette vie surexposée ne peut pas être infinie.
Teresa Vena, Cineman