Mamma Roma

De Pier Paolo Pasolini
Italie - 1962 - vost - 106' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Mamma Roma, une prostituée d’âge mûr, est libérée de son souteneur à l’occasion du mariage de celui-ci. Elle reprend alors avec elle son jeune fils, Ettore, qui ne sait rien de son ancienne condition, s’installe dans un quartier populaire de Rome et devient vendeuse sur un marché. Alors qu’elle nourrit des espoirs de réussite pour Ettore, celui-ci commence à traîner avec les jeunes désœuvrés du quartier…

Critique

Mamma Roma, est à la fois le délayé de ce que les gens de bon goût ne goûtent pas dans le cinéma de Pasolini -outrance, latinité forcenée, symbolisme grossier et misérabilisme - et le condensé de ce que nous avons le mauvais goût de trouver bon dans son œuvre : l'originalité d'une structure narrative, la réinvention de types, le franc-parler cinématographique et le prosaïsme comme fait de poésie. (…)  Ceci nous livre exemplairement l’un des caractères essentiels de la narration pasolinienne : le passage (à la fois souple et aigu) d'un plan de signification à un autre : du terre à terre à la métaphore, du cliché à l'image, d'une vision presque obscènement néo-réaliste de la réalité la plus quotidienne à une transgression exaltée des signes, qui est dès lors authentification et maintien des significations immédiates, et en même temps recouvrement et élucidation de leur portée symbolique et de leur vérité poétique. Autrement dit, la narration joue le rôle d'un tremplin qui fait passer chaque situation du plan des contingences matérielles et psychologiques à celui des significations critiques, sociales, de celui-ci à celui de la valeur historique, et de celui-ci enfin à l'absolu de la parabole. Le cinéma de Pasolini est, comme toute poésie, transaction.

Jean-Louis Comolli, Les Cahiers du cinéma, n° 169, août 1965

Projeté dans le cadre de

Du 1 Décembre 2022 au 13 Décembre 2022
Le corps poétique à l'écran