The Guardian
Futurs parents d'un petit garçon, Phil et Kate déménagent aux abords de Los Angeles dans une luxueuse maison située en lisière de forêt. À la naissance de leur bébé, le couple se met à la recherche d'une nounou et engage la douce et compétente Camilla sans se douter une seconde du terrifiant secret que cache la jeune femme…
Près de vingt ans après The Exorcist, Friedkin renoue avec les codes de l'horreur pour livrer un conte fantastique inspiré de croyances païennes et druidiques. Parfois brouillon dans les directions qu'il tente d'amorcer, hésitant tour à tour entre le thriller, le fantastique et la comédie horrifique, The Guardian suscite bel et bien l'effroi et comporte un motif fort qui continue de marquer les esprits: celui de l'arbre démoniaque aux multiples visages d'enfants.
Cinémathèque suisse
(…) La brouille entre La Nurse et l'audience est certainement de cette trop grande attente envers l'auteur de L'Exorciste, traumatisme cinéphilique sans équivalent, qui donnait corps à un drame horrifique dont la principale force de frappe était son réalisme déstabilisant. Et en l'occurrence, l'objet de 1990 n'a rien à voir avec cette approche, ni esthétique, ni thématique, se montrant largement plus classique en fleuretant ouvertement avec la forme du conte originel (on pense parfois à La Compagnie des loups de Neil Jordan), aussi bien dans sa cruauté macabre, que dans son esthétique léchée soulignant un surnaturel omniprésent. Il y a quelque chose certainement de La Féline de Paul Schrader dans cette volonté de mêler une modernité esthétique marquée avec un fantastique venu d'un autre âge, un mythe primaire bien loin des morales judéo-chrétiennes. Mais Friedkin reste Friedkin (heureusement) et s'efforce constamment de pousser la logique du film dans ses retranchements faisant cohabiter une menace sourde et incroyablement sexuelle portée par le regard trouble de Jenny Seagrove (excellente), et des explosions de violence aussi frontalement sanglantes qu'un peu gauches par leurs SFX. On note aussi, cela va de soit, quelques vrais grands moments de mise en scène servis par un William Friedkin aussi précis que joueur. A l'instar de cette invasion nocturne d'une demeure ultra moderne de la banlieue chic de L.A. par une meute de loup : entre home-invasion, cauchemar éveillé et comédie noir, le tout orchestré avec un timing parfait.
Nathanaël Bouton-Drouard