Boulevard du crépuscule

De Billy Wilder
Etats-Unis - 1950 - vost - 110' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Un cadavre flotte dans une piscine. Le mort lui-même commence à raconter les événements qui l'ont mené là. Joe Gillis, scénariste criblé de dettes, entre par hasard dans une demeure qu'il croit abandonnée. C'est en réalité là que vit toujours Norma Desmond, gloire déchue du cinéma muet…

Critique

Hollywood s'est dépeint souvent lui-même mais jamais (sauf chez Cukor) avec cette force, cette vérité, cette universalité, Outre un portrait féroce et réaliste de la Cité du cinéma et de sa faune particulière (vieilles stars à demi-folles, apprentis-scénaristes aux dents longues, etc.). Boulevard du Crépuscule, est aussi un film sur ceux qui ont besoin de la fiction pour vivre, sur l'amour non partagé, sur la vieillesse, sur l'ambition. C'est enfin une histoire de fantômes qui mettent la main sur un vivant et ne rendront qu'un cadavre, lequel racontera lui-même son histoire. Aussi bon narrateur que brillant directeur d'acteurs, sachant être à la fois ironique et poignant, Wilder déploie toutes ces richesses avec un sens aigu de l'équilibre et du classicisme, Les interférences de la réalité et de la fiction sont ici multiples et vertigineuses. Stroheim (dont Swanson avait dans la réalité saccagé la carrière de metteur en scène) joue son premier mari, l'un de ses metteurs en scène et l’inconditionnel serviteur de sa gloire déchue. Les scènes entre Swanson et DeMille (elle fut dans la réalité et dans la fiction ici présentée l'interprète de plusieurs de ses chefs-d'œuvre) sont les plus étonnantes que l'usine à films ait engendrées à propos d'elle-même. Miroir du cinéma, de ses splendeurs pitoyables et de ses rêves cruels, Boulevard du Crépuscule peut être vu, détaché de son auteur et du reste de son œuvre, comme un film unique et parfait. Il mériterait d’être anonyme.

N.B. Dans une première version du début du film, on amenait le corps de William Holden à la morgue de Los Angeles. Là, il prenait part à une conversation entre douze cadavres se racontant leur décès. La séquence fit rire le public et fut supprimée. La demeure de style espagnol habitée par Norma Desmond appartenait au milliardaire Paul Getty. Elle était située sur Wilshire Boulevard et fut détruite à la fin des années 50.

Jacques Lourcelles

Projeté dans le cadre de

Du 10 Juin 2020 au 30 Juin 2020
Une rétrospective