Tambour battant

De François-Christophe Marzal
Suisse - 2019 - vofr - 90' - Couleurs
Synopsis

A Monchoux, petit village du canton de Valais (Suisse) niché à flanc de montagne, les habitants ont a priori tout pour être heureux. En ce début de printemps de 1970, la commune connaît pourtant une agitation inhabituelle. Est-ce à cause de la votation pour accorder le droit de votes aux femmes ? Est-ce à cause de ce prochain référendum sur le renvoi des travailleurs étrangers ? Non, pire : La fanfare du village a implosé ! La faute à Aloys dira une moitié du village, la faute à Pierre répondra l’autre. L’opposition entre les deux groupes, incarnée par leurs chefs, sera politique, musicale, et amoureuse.

Critique

Rares sont les comédies suisses réussies. Tambour battant (...) en est une. À cela de multiples raisons. D’abord son casting, qui réunit des comédiens différents – plusieurs Genevois, dont Pierre Mifsud, Jean-Luc Bideau, Roland Vouilloz, Pierre-Isaïe Duc, François Florey, tous formidables – aux potentiels comiques bien tranchés. Ensuite ses occurrences thématiques: la votation pour accorder le droit de vote aux femmes (nous sommes en 1970), le référendum sur le renvoi des étrangers, et une dissension entre deux fanfares valaisannes. Cela fait trop? Au contraire. Car, autre atout, l’ensemble est mis en boîte par un Genevois dont la dernière réalisation remonte à une quinzaine d’années, François-Christophe Marzal. Et ce n’est pas mentir que dire qu’il triomphe d’un film compliqué à réaliser parce qu’il nécessite du rythme, une bonne dynamique et une belle assurance dans la direction d’acteurs. On a fait le point avec lui.

Comment avez-vous composé le casting et décelé le potentiel comique de tous ces comédiens?

Pierre Mifsud, qui a le rôle principal, était une évidence. Il est arrivé très tôt dans l’écriture. Sa réactivité, sa vitesse, je les avais déjà remarqués. Il va naturellement dans le burlesque. Tous les autres, je les avais croisés ou déjà vus. Je n’ai pas fait de casting. Pour Pascal Demolon, c’est en lisant son portrait en der de «Libé» que je me suis décidé.

Avez-vous ressenti de l’appréhension à diriger tout ce monde?

J’avais confiance dans mes choix. Tous les comédiens sont très caractérisés. J’aime par exemple le côté direct de Sabine Timoteo, avec qui j’avais travaillé sur Sarah joue un loup-garou.

Aucun des comédiens n’a posé problème, en somme?

Non. Et de toute façon, je ne supporte pas les pénibles ou les cas sociaux.

Vous abordez des grands thèmes – le vote des femmes, le renvoi des étrangers – à travers une histoire plus anecdotique de clash entre fanfares. N’aviez-vous pas peur d’un trop-plein de thèmes?

Non, mais dans le scénario, nous avions une version plus chorale de l’histoire. Au montage, on trouve toujours moyen d’équilibrer ces thèmes. Et de toute façon, dans le Valais d’avril à juin 1970, tous ces éléments sont présents.

Une quinzaine d’années se sont écoulées depuis votre précédent film de cinéma. Qu’avez-vous fait dans cet intervalle?

J’ai pris le train des séries quand la RTS a abordé ce virage. Tout d’abord comme scénariste, pour la série 10, que Jean-Laurent Chautems avait réalisé. Elle avait remporté des prix (ndlr: dont celui de meilleure série au Festival de La Rochelle) et j’en suis extrêmement fier. J’ai aussi été directeur de production pour différents projets, dont Bazar de Patricia Plattner, en 2009, sa dernière fiction. Ce travail permet de toucher à plein de choses, même si on ne fait pas de plateau. Pour revenir à l’écriture de Tambour battant, qui nous a pris trois ans, à Nicolas Frey et moi-même, puis à la réalisation, j’ai dû arrêter tout le reste.

Justement, comment s’est monté ce projet?

Il a été très compliqué à monter. À la deuxième version du scénario, nous avions d’excellents retours. Et pourtant, on s’est pris une grosse claque de la part de Cinéforom. Six non contre un seul oui pour une aide à la réalisation, c’est quasi une fin de non-recevoir. En deuxième dépôt, ce fut presque pareil avec un cinq à deux tout aussi cinglant. À ce moment-là, ça a été une déprime totale. C’est finalement grâce à l’OFC que tout s’est débloqué.

Êtes-vous conscient de vos aptitudes à faire du cinéma commercial?

Je suis surtout conscient que s’il y a seulement trois personnes qui veulent voir un film, cela ne suffit pas et c’est raté. Pour moi, Tambour battant reste un film d’auteur car je l’ai écrit.

Nous avons évoqué Patricia Plattner tout à l’heure. Le film lui est d’ailleurs dédié.

Elle a toujours été ma lectrice et ma meilleure amie. Elle était en quelque sorte ma marraine. Nous n’avions pas du tout les mêmes goûts et c’est ce qui faisait la richesse de notre relation. Personne ne l’a remplacée.

Pascal Gavillet, La Tribune de Genève

Projeté dans le cadre de