Another Day of Life

De Raul De La Fuente, Damian Nenow
Pologne, Espagne, Allemagne, Hongrie, Belgique - 2018 - vost - 85' - Couleurs
Synopsis

Varsovie, 1975. Ryszard Kapuscinski est un brillant journaliste, idéaliste et courageux. A force de détermination, il réussit à convaincre son agence de presse de l’envoyer en Angola, en pleine guerre civile. Embarqué dans ce voyage au bout de l'enfer, Kapuscinski revient à jamais changé et devient écrivain. Ce film habité, qui mêle animation et interviews, questionne avec talent le rôle du journaliste et les limites de son pouvoir.

Critique

Another Day of Life le film de Raul de la Fuente et Damian Nenow présenté en séance spéciale au 71e Festival de Cannes, livre une relecture documentée et exaltée du livre éponyme de Ryszard Kapuscinski, qui plonge le spectateur au coeur de l’Angola des années 70, et du rêve d’une Afrique émancipée aux lendemains des indépendances.

Kapuscinski est un brillant journaliste, chevronné et idéaliste. C’est un fervent défenseur des causes perdues et des révolutions. A l'agence de presse polonaise, il convainc ses supérieurs de l'envoyer en Angola. Le pays bascule dans une guerre civile sanglante à l'aube de son indépendance. Kapuscinski s’embarque alors dans un voyage suicidaire au cœur du conflit. Il assiste une fois de plus à la dure réalité de la guerre et se découvre un sentiment d'impuissance. L'Angola le changera à jamais : parti journaliste de Pologne, il en revient écrivain.

La première scène, époustouflante, offre une immersion animée virevoltante au coeur des rues en ébullition de Luanda, cité chaotique et tourbillonnante. La réalisation virtuose joue des possibilités de l’animation (caméra immergée, morphing des décors et des visages) pour générer la fiction au coeur du documentaire, ou plutôt réactiver l’histoire. L’animation offre également quelques scènes oniriques qui viennent donner corps aux cauchemars décrits par Kapuscinski et ses camarades de l’époque, traumatisés par les atrocités dont ils sont témoins. Elle permet enfin d’incarner la lutte, et de faire revivre Carlota, fière guerrière croisée par Kapuscinski et morte sous les balles, qui, avec Farrusco, représente aux yeux du reporter la quintessence de l’engagement au service d’une cause juste.

Aux séquences animées se mêlent quelques (rares) images d’archives, ainsi que des interviews contemporaines de quelques acteurs et témoins de l’époque, et des prises de vues actuelles de l’Angola, comme en écho à l’histoire. Cette approche hybride visuellement se retrouve sur le plan narratif, enrichissant un récit qui oscille entre bio pic et documentaire historique.

Aurore Engelen, Cineuropa

Projeté dans le cadre de