Faces

De John Cassavetes
Etats-Unis - 1968 - vost - 130' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Après une nuit un peu folle, Richard rentre chez lui et se dispute avec sa femme Maria. Après lui avoir annoncé son intention de divorcer, il claque la porte et part retrouver une autre femme. Maria décide alors de passer la nuit dans un night-club avec ses amies. 

Faces poursuit et amplifie le travail de Cassavetes sur Shadows (1959): même noir et blanc granuleux, mêmes plans saisis sur le vif, au plus près des corps et des visages, même montage dicté par le rythme de l’action et le jeu des comédiens, même frontière entre fiction et documentaire.

Critique

Un PDG dans la quarantaine cherche à se débarrasser de son épouse. Il entretient une relation ambiguë mais tendre, avec une prostituée de luxe…

Le sujet de Faces ce sont les visages, dont l'inquisition d'une caméra plus qu'attentive scrute sans arrête les moindres replis. Visages qui se changent en «grimaces» (le mot «faces» en anglais a les deux sens) lorsque la mobilité des traits se fige en expression ridicule ou douloureuse. Des personnages de ces visages, on ne sait pas grand-chose, car rien d'autre n'est interrogé que ce qui justement sur eux peut se lire: excitation, désir fatigue. Il n'est aucunement question ici d'états d'âme ténus, ni de psychologie au grain fin. (D'où vient peut-être qu'on ne conçoive pas le film autrement qu'en 16 mm gonflé.) La beauté du film de Cassavetes, c'est de faire ressentir ce mal du cinéma — l'impuissance de droit à expliquer l'intériorité, puisqu'il ne saisit littéralement que des signes extérieurs — comme non exempt de parenté avec les maux qui s'ourdissent en elle. Comme si le silence même où l'a reléguée tout cinéma honnête, était le milieu propice d'où émane quelque cri, silencieux par l'écho de son propre vide.

Sylvie Pierre, Cahiers du cinéma

Projeté dans le cadre de

Du 3 Juillet 2024 au 3 Septembre 2024
Rétrospective de films cultes