Uccellacci e uccellini

De Pier Paolo Pasolini
Italie - 1966 - vost - 89' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Deux vagabonds vont par les chemins, accompagnés d’un corbeau qui leur parle de philosophie sans qu’ils le comprennent. Le corbeau leur fait vivre quelques aventures. Ils se retrouvent moines franciscains au XIIe siècle, chargés d’apprendre le langage des oiseaux pour les évangéliser…

Critique

(…) De même que l'Evangile selon saint Matthieu, Uccellacci e Uccellini (…) constitue, en effet, une transition dans l'oeuvre pasolinienne entre le lyrisme agressif d'Accatone et de Mamma Roma et le symbolisme mythique des ouvrages suivants (Oedipe roi, Théorème, Porcherie). Drame et tragédie sont absents de ce film qui s'apparente aux fabliaux du Moyen Age et qu'on pourrait définir comme une farce philosophique... Sur une route interminable, un père et son fils cheminent en compagnie d'un corbeau doué de la parole et d'esprit fort raisonneur. L'oiseau, qui a tout vu, tout lu et qui a des idées sur tout, s'efforce de faire partager sa science et sa conception du monde aux deux voyageurs qui, eux, sont ignares et peu sensibles aux spéculations intellectuelles. Au terme de diverses aventures, il arrive ce qui devait arriver : las d'entendre pérorer et gémir le philosophe ailé, l'homme et l'enfant s'en saisissent, le plument, le rôtissent et le mangent. Ce récit picaresque, à l'intérieur duquel l'auteur multiplie parenthèses et digressions, est naturellement jalonné de symboles. Christianisme et marxisme se bousculent dans la cervelle du corbeau, dont la " culture " s'oppose aux réactions instinctives et " naturelles " de ses interlocuteurs. Pasolini jongle avec les idées, pose des questions auxquelles il ne cherche pas à répondre, s'amuse à brouiller les pistes pour mieux nous exciter l'esprit. L'ambiguïté de la conclusion est à l'image de ce qui précède. Cette farce-fable foisonnante se passe très bien de moralité. Finalement, on respire dans ce film intelligent et malicieux une bonne odeur de liberté, de jeunesse et de fantaisie. Certes, il arrive que l'auteur rate ses cabrioles. Mais, quand la poésie lui tient la main, il nous séduit sans peine. En voyant Uccellacci e Uccellini (qu'interprétait Toto, disparu depuis), on songe, par moments, à Chaplin et à Fellini. C'était l'époque où Pasolini ne se prenait pas encore pour Pasolini.

Projeté dans le cadre de

Du 3 Mai 2017 au 7 Mai 2017
Les Origines
Du 1 Décembre 2022 au 13 Décembre 2022
Le corps poétique à l'écran