Le Rebelle
Le portrait d’un architecte de talent, idéaliste, incorruptible et intransigeant.
Un hymne à l’individualisme forcené et une œuvre inoubliable, inspirée par la vie de l’architecte génial et provocateur Frank Lloyd Wright. King Vidor, avec des illuminations proches du surréalisme, réconcilie le mythe du pionnier.
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Dans le rôle-titre, King Vidor aurait bien vu Humphrey Bogart, à cause de son air « retors, intello et indécrottablement citadin ». Mais la Warner avait déjà signé avec Gary Cooper, échassier placide, élevé au grand air d'une Amérique saine. Le véritable inspirateur du héros s'appelait Frank Lloyd Wright, architecte génialement provocateur. King Vidor utilise ce personnage pour dénoncer la fin du règne du self-made-man en Amérique.
A l'époque, le cinéaste vient surtout de finir une psychanalyse jungienne. Une illumination l'a frappé sur le divan : l'homme, fondamentalement passif, serait le yin, et la femme, irrémédiablement active, le yang. L'actrice Patricia Neal insuffle à son personnage une forte perversité insidieuse. C'est une tigresse sadomasochiste. Le Rebelle est un combat, de la soumission contre la domination, de la femme contre l'homme, de la lumière contre l'obscurité, du noir contre le blanc. Et l'esclave n'est pas forcément celui qu'on croit.
Marine Landrot, Télérama