la ronde de l'aube

De Douglas Sirk
Etats-Unis - 1957 - vost - 91' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Dans les années 30, le pilote Roger Shumannn, ancien as de l'aviation militaire, est prêt à tout pour reconquérir la gloire. La rencontre avec un jeune journaliste, Burke Devlin, au cours d'un meeting aérien, va peut-être lui donner une chance.

Critique

Devenu au cours des années 50 un spécialiste du mélodrame, Douglas Sirk adapte ici un roman qui lui tient à coeur depuis les années 30 : Pylone de William Faulkner. Afin de donner plus d’ampleur commerciale à ce sujet a priori peu porteur et plutôt scandaleux, le cinéaste réunit le trio gagnant de son précédent chef d’oeuvre intitulé Ecrit sur du vent (1956). Ainsi, Rock Hudson, Dorothy Malone et Robert Stack forment à nouveau un triangle amoureux, cette fois-ci assez différent de l’opus précédent. Avec une grâce infinie qui contredit quelque peu le roman d’origine, plus âpre, Douglas Sirk ose évoquer de nombreux thèmes audacieux pour l’époque : le ménage à trois, l’alcoolisme, le suicide et la déchéance. Effectivement, le titre original (Tarnished angels que l’on peut traduire par « anges déchus ») convient davantage au métrage que cette Ronde de l’aube à la neutralité bienveillante.
L’auteur nous présente de nombreux personnages dont les rêves de gloire se brisent face à une réalité bien plus prosaïque. Le journaliste incarné avec justesse par Rock Hudson se plonge dans l’alcool pour oublier qu’il n’est qu’un petit scribouillard de province, Dorothy Malone en est réduite à se prostituer pour l’homme qu’elle aime mais qui ne la regarde pas et enfin Robert Stack ne se remet pas de sa gloire passée durant la guerre et se compromet dans des démonstrations aériennes dérisoires. Tout ceci a lieu durant un carnaval où rôde en permanence l’ombre de la mort (soit dans les dialogues plutôt macabres ou bien sous forme de masques). Déboussolant de prime abord, ce chef d’oeuvre plonge au coeur de la noirceur humaine et du désespoir afin de trouver à chacun une porte de sortie digne. Ajoutez à cela le brio des séquences aériennes et des différents accidents et vous aurez une petite idée de la profondeur du choc ressenti devant cette ronde de l’aube qui s’apparente davantage à une danse macabre. Avec Ecrit sur du vent, elle constitue à coup sûr un dyptique chef d’oeuvresque que l’on peut analyser pendant des heures. Du grand cinéma qui transcende largement le simple mélodrame pour nous amener sur les terres de la tragédie.

Virgile Dumez, À voir à lire

Projeté dans le cadre de

Du 13 Novembre 2015 au 15 Novembre 2015
Du 7 Septembre 2022 au 27 Septembre 2022