Pugni in tasca
Horreur dans la famille. Une famille renfermée sur elle-même, où fermentent les maladies héréditaires, les amours coupables, les haines hypocrites : une mère aveugle, littéralement et symboliquement ; une déliquescence fin de race, sombrant dans l'épilepsie et l'idiotie congénitale ; un jeune homme amoureux de sa soeur, assassinant sa mère et son frère : tels sont le cadre, le climat, le fil dramatique de ces Poings dans les poches.
La séance du vendredi 6 novembre à 20h15 sera présentée par Marco Bellocchio et suivie d'une séance de questions/réponses avec le réalisateur.
Dans un noir et blanc magnifique, sur une musique composée par Ennio Morricone, Marco Bellochio met en scène une famille italienne rongée par des pulsions noires, incestueuses, étouffée par des non-dits, qui alimentent jusqu'à la faire exploser, la dérive délirante, violente et froide du jeune Alessandro. Ce personnage est interprété par Lou Castel, dont c'était le premier vrai rôle au cinéma (il avait fait une apparition dans Le guépard), et qui devint ensuite un icône du jeune cinéma italien des années 60 et 70. Ce film que Bellochio tourna à 26 ans, il y a juste cinquante ans, fut l'un des titres majeurs du Nouveau cinéma italien et du cinéma mondial. Il a bénéficié d'une restauration somptueuse.
Les Cinémas du Grütli
A travers la trajectoire d'Alessandro, en l'inscrivant comme Bellocchio l'a fait dans un contexte socio-historique spécifique, qu'il connaissait bien pour en être issu, Les Poings dans Ies poches saisit la complexité du conflit entre pulsion de mort et pulsion de vie au moment de I'adolescence.
Isabelle Régnier, Le Monde
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