Les Chaussons rouges

De Michael Powell, Emeric Pressburger
Royaume-Uni - 1948 - vost - 126' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Victoria Page, danseuse, et Julian, compositeur, sont engagés dans une troupe de ballet. Tyrannique, le directeur pousse Vicky à s’identifier à l’héroïne du ballet «Les Chaussons rouges». Elle y sacrifie tout...

Immense succès critique et public aux Etats-Unis. Attention chef-d’œuvre absolu!

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Critique

Il était une fois une modeste danseuse. Célèbre grâce à un imprésario autoritaire, elle dut choisir entre sa carrière et son amour pour un compositeur... Les Chaussons rouges (1948), qui ressort en salles dans une superbe version restaurée en haute définition, est le film le plus célèbre de Michael Powell (coréalisé avec son complice Emeric Pressburger). Le plus emblématique de son « esthétique du débordement », selon Natacha Thiéry, qui vient de publier Photogénie du désir (1), « digest » stimulant de la thèse qu'elle a consacrée au cinéaste.

Le morceau de bravoure du film est un ballet de vingt minutes, dont le livret anticipe le destin de la jeune danseuse (interprétée par la rousse Moira Shearer qui, avant de devenir actrice, était ballerine). Séquence splendide, avec « apparitions, substitutions, variations d'échelle et ralentis », dit Natacha Thiéry, où le Technicolor flamboyant de Jack Cardiff devient expressionniste. Le film multiplie les allers-retours entre l'imaginaire, les apparences de la réalité et leur représentation. Jusqu'au vertige, puisque, sous la féerie apparente du conte, le réalisateur fait sourdre, à chaque instant, des abîmes de noirceur.

 

(1) Photogénie du désir, Michael Powell et Emeric Pressburger, 1945-1950, de Natacha Thiéry, éd. Presses universitaires de Rennes, 326 p., 20 EUR.

 

Samuel Douhaire, Télérama