Laurence Anyways

(…) 10 ans de la vie d'un couple ; voilà le sujet d'un film dont l'outrance visuelle est cette fois au service d'un récit d'une précision malade. Une réussite totale qui s'offre le luxe de nous faire revivre en entier les années 90. Dolan affuble son esthétique rétro, émaillée de sidérant fantasmes, à une jolie sélection musicale dynamisant ses divers tableaux. La musique chez Dolan a ce pouvoir d'exacerber pour mettre à plat, d'unir. Une musique de fête exaltée mais qui transpire la nostalgie. Traitant son sujet avec une extrême dignité, Xavier Dolan multiplie les séquences clipesques et les effets visuels pour neutraliser les charges émotionnelles qu'accumulent son film. D'une dispute à une scène d'amour, il projette les sentiments de ses personnages dans les images et les chansons qui composent son film. Dès lors, la fantaisie et le maniérisme (il se permet par ailleurs parfois un onirisme symbolique) sont une manière de retranscrire dans un langage cinématographique assez fidèle ce qui se joue entre chaque personnage. Et à ce titre le choix de la musique est essentiel.(…)

David Honorat