Parlons femmes

De Ettore Scola
Italie - 1964 - vost - 107' - Noir et Blanc
Synopsis

Un cavalier mystérieux fait escale dans une ferme isolée, un dandy urbain se fait passer pour un mari modèle, un prisonnier naïf se voit accorder une permission grâce aux stratagèmes de sa femme, un fils à maman pleutre est chargé de défendre l’honneur de sa sœur… huit sketches, ou autant de manières de rire des obstacles qu’hommes et femmes se plaisent à dresser entre eux.

 

 

Critique

Plus que toute autre, la comédie italienne est véritablement mordante et cruelle. Les gondoles, le pont de soupirs, les « sea perque ti amo », elle explose sous nos yeux les idées reçues et les clichés compassés au profit d’un seul : le macho italiano ne prend pas de gants et passe directement à l’action. Dans le scénario de Parlons Femmes (Se permettete, parliamo di donne en VO), associé à Ruggero Maccari, Ettore Scola n’épargne personne : les hommes et les femmes, la bourgeoisie et les classes populaires, les séducteurs et les coincés, les croqueuses d’hommes et les vertueuses… Tous passent à la moulinette du sexe et du sentiment. Mais le regard est tendre et humain, comme toujours dans la comedia all’Italiana. Au début des années 1960, Ettore Scola est un scénariste émérite. En une quinzaine d’années, il a redirigé une vingtaine de scénarios et ses scénarios originaux (en collaboration avec Maccari notamment) ont été mis en images avec succès par Mauro Bolognini (Guardia, guardia scelta, brigadiere e maresciallo, 1956) ou Antonio Pietrangeli (Adua et ses compagnes, 1960) entre autres. Parlons Femmes est un film à sketches écrit pour Vittorio Gassman dont Scola a consolidé le succès naissant avec L’Homme aux cent visages (1960) ou Le Fanfaron de Dino Risi (1962). L’acteur d’origine autrichienne interprète huit rôles dans le film et c’est lui qui poussa Scola à la réalisation lorsque le metteur en scène initial se désista. Film pour un acteur par un scénariste sans expérience de mise en scène, le terrain pourrait sembler miné. Pourtant Gassman est omniprésent mais sait s’effacer derrière ses personnages et laisser de l’espace à ses excellents partenaires et Scola montre une personnalité puissante. Cette première des huit collaborations entre Scola et Gassman tape fort et juste.


Parlons Femmes s’attache à décrire les rapports biaisés entre il maschilista e la donna. Pourquoi biaisés ? Parce que monsieur semble n’avoir qu’une idée en tête et que madame n’est pas en reste. En huit sketches, Scola traverse les couches de la société, la pyramide des âges et les mouvements cinématographiques. Ainsi dès l’ouverture, il nous montre l’Homme, le vrai, le fort, chevauchant à travers la plaine, puis tournant autour d’une ferme sur une musique de western. Référence évidente aux films de John Ford que le réalisateur mêle ensuite à une ambiance néo-réaliste à la De Sica pour aboutir à un final typique de la nouvelle réaliste qu’on se gardera bien de dévoiler. Tout le monde est pris au piège des apparences. On a cru au grand western lyrique, Scola nous plonge brutalement dans une réalité quotidienne qu’il ne quittera plus. Délicieusement attrapés, on est désormais prêt à garder l’œil et l’esprit bien ouverts aux farces de nos deux compères.
Mickaël Pierson, Il était une fois le cinéma

Projeté dans le cadre de

Du 7 Septembre 2016 au 29 Septembre 2016
LE MAÎTRE DE LA COMÉDIE ITALIENNE