Catene

De Raffaello Matarazzo
Italie - 1949 - vost - 90'
Synopsis

Rosa et Gugliemo sont un couple marié et heureux depuis de nombreuses années. Un jour, un certain Emilio vient bouleverser leur quotidien. En effet, ce dernier est un ancien amant de Rosa et son amour pour elle n'a jamais disparu...

Critique

C'est le plus grand succès du cinéma italien en 1949, qui lança un genre en soi, détesté par la critique, vilipendé des deux côtés des Alpes au nom du dogme néoréaliste : le mélodrame « matarazzien », porté par le couple vedette Amedeo Nazzari (une sorte de Vincent Lindon à moustache) et Yvonne Sanson (mamma et putana quasiment dans le même plan). Pourquoi les mélos de Matarazzo vaudraient-ils moins que ceux, pratiquement contemporains, de Douglas Sirk ? Dans Le Mensonge d'une mère (« Chaînes », en italien, titre — à la Mankiewicz ! — tiré d'une chanson napolitaine), une famille est menacée par le surgissement d'un ancien amoureux de Madame, devenu mauvais garçon. Résistera-t-elle à la tentation ? Qu'elle le fasse ou non, la roue de l'infortune est en route...

La qualité de Matarazzo est d'aller toujours au bout du chemin : le pire est iné­vitable, la crise explose aussi vite qu'elle a menacé (on n'est pas dans Brève Rencontre !). Le modèle est ici en cours de construction : le film possède encore un fond réaliste (Naples de l'après-guerre, pas très loin d'Eduardo de Filippo, avec ritournelles typiques chantées par Roberto ­Murolo), alors que les oeuvres suivantes ­seront de plus en plus stylisées et, ainsi, de plus en plus étonnantes. Péripéties invraisemblables — enfants cachés puis retrouvés, suicides ratés ou réussis, trahisons multiples — menaceront la sacro-sainte ­famille italienne. L'Italie de l'après-guerre trouvait là un savoureux exorcisme.

Aurélien Ferenczi, Télérama

 

Projeté dans le cadre de

Du 20 Août 2014 au 2 Septembre 2014
IL GRANDE CINEMA ITALIANO