Les Marches du Pouvoir

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Pour sa quatrième réalisation après Confessions d’un homme dangereux(2002), Good Night and Good Luck (2005), Jeux de dupes (2008), George Clooney a convoqué la crème des comédiens adultes (Philip Seymour Hoffman, Paul Giamatti, Marisa Tomei), à laquelle s’intègre sans difficulté le jeune et beau Ryan Gosling, pour plonger au cœur de la machine électorale américaine. Il faut un petit moment pour rentrer dans l’histoire, la complexité du système politique freinant l’adhésion spontanée. Mais comme dit le réalisateur, «si vous avez de bons personnages et que vous parvenez à les rendre attachants, le reste devient accessoire».

Stephen Meyers est chargé de la communication de Mike Morris (George Clooney), candidat démocrate aux primaires américaines. Ce jeune idéaliste, efficace et brillant, commet une minuscule erreur tactique dont les conséquences sont susceptibles de compromettre son avenir. Qu’il mente ou qu’il dise la vérité, il est perdant. Il apprend aussi un secret dont la divulgation pourrait avoir des conséquences catastrophiques sur la trajectoire de son boss briguant la Maison-Blanche.

Mesurant l’ampleur du cynisme des directeurs de campagne et de l’ensemble du système, Stephen Meyers perd ses illusions, son innocence. Aux abois dans un monde de loups, il se comporte en loup pour conserver sa place.

Dans le rôle de Morris, le candidat démocrate, George Clooney prononce des discours sur la responsabilité, la tolérance, la liberté d’expression, l’allégeance inconditionnelle à la Constitution auxquels on peut aisément l’identifier. Mais l’angélisme n’est pas de mise. Le plus honnête, le plus charismatique des hommes peut être faillible… Tourné en huit semaines avec un budget de 12 millions de ­dollars, Les Marches du pouvoir dénonce sans concession les machinations politiciennes, cette implacable partie d’échecs qui se joue avec des trafics d’influence et des fuites orchestrées. Percutant, intense et bref, le film démontre que le cinéma est passionnant quand il ose ne pas flatter la paresse intellectuelle des spectateurs.

Les Ides de Mars du titre originel renvoient à l’assassinat de Jules César. Elles inscrivent le film dans une perspective symbolique et historique (...)

Antoine Duplan, le Temps