Au Nom Du Fils

De Vincent Lannoo
France, Belgique - 2012 - vf - 80'
Synopsis

Une comédie noire 100% belge. Elisabeth est une catholique convaincue. Mère de famille et épouse aimante, ce qu’elle croit être une vie idyllique va très vite tourner au cauchemar... Les tontons flingueurs sous le soleil de Satan!

Critique

Pourquoi un film sur la foi ?

Parce que c’est pour moi une étrangeté. J’ai cru en Dieu jusqu’à 9 ans. Puis, mon père est mort et j’ai commencé à croire en mon père. J’ai remplacé l’un par l’autre. A 15 ans, en thérapie, je me suis rendu compte que tout ça c’étaient des masques. Pendant une séance, je me suis dit : mais merde, rien n’existe. Ce sont des chimères que l’on se raconte, car on e n a besoin. Quelle est la différence entre Dieu et la danse de la pluie ? Pourquoi choisir une religion en particulier ? La réponse est tellement culturelle que ça ne peut être que de la culture. Il ne s’agit plus de foi.

Pourquoi la pédophilie ?

Il y avait un non-discours de l’Église, je comprenais pas. Le silence de gens qui portent la bonne parole, je trouve ça bizarre. Le non-discours était-il un positionnement ? Je me suis dit que j’allais plonger dedans. Dans ma vie, j’ai rencontré pas mal de gens qui ont été sauvés de la drogue, de la dépression grâce à une religion. Je trouvais aussi intéressant de dire que le trajet inverse était possible. Qu’on pouvait être sauvé en en sortant. Etre sauvé par la chute, par la perte de la foi. Je trouve que c’est possible et que c’est un beau positionnement.

Votre challenge, c’était ?…

Mélanger ce que j’avais fait avant – le côté grinçant, mordant et critique – avec ce j’avais fait dans Little Glory au niveau formel. Arriver à construire quelque chose de beau, de recherché, de travaillé avec ce que j’ai pu faire à l’épaule.

Votre cinéma va toujours au-delà des apparences.

Je passe ma vie à m’interroger sur ce que je suis et sur ce que j’ai l’air d’être. Ça doit se refléter dans ce que je fais. Qu’est-ce qui me pousse vraiment ? L’arbre qui cache la forêt, ça m’intéresse pas mal. Ce que j’aime, c’est chercher ce qui cache les défauts. Aller chercher le monstre. L’inconscient.

Quel fut votre travail d’enquête pour ce film ?

On a tout lu. Les rapports de la commission d’enquête sur la pédophilie au sein de l’Église, énormément de bouquins, de magazines. On a écouté des radios chrétiennes pour voir comment ça fonctionnait. On n’est pas loin de la réalité. Il faut écouter Radio Catho. C’est drôle.

J’ai rencontré pas mal de gens qui avaient été confrontés à la pédophilie. Des prêtres aussi, dont l’un bien intéressé par les jeunes filles dans les boîtes de nuit. Quelqu’un m’a dit que son frère s’était suicidé à cause de ça. 

Pourquoi avez-vous choisi le pamphlet ?

J’avais besoin de l’humour. Au cinéma, je m’ennuie vite. Donc j’ai peur d’ennuyer. D’où une part d’entertainment. Drôle, décalé, spectaculaire. Le pamphlet autorise une certaine mauvaise foi dramaturgique. Pour que les gens comprennent, il faut sortir du pathos.

Interview de Lannoo par Fabienne Bradfer

Projeté dans le cadre de

Du 20 Mai 2014 au 25 Mai 2014
Trois séances exceptionnelles