Body Double

De Brian De Palma
Etats-Unis - 1985 - vost - 114' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Jack Scully va de malchance en déveine. En une seule journée, il perd son travail, sa petite amie et son logement. Un ami de fraîche date, Sam Bouchard, lui propose alors de l’héberger dans son luxueux appartement, qu’il laisse vacant pour un mois. Jack accepte avec d’autant plus d’empressement que le télescope installé sur la terrasse lui permet d’assister tous les soirs au déshabillage d’une belle voisine. Ce strip-tease est régulièrement suivi d’une agression inexplicable, toujours perpétrée par le même homme...

Critique

Jack est un comédien qui tourne dans un film d’horreur sans grande prétention. Alors qu’il est confiné dans un cercueil, il est pris d’une crise de claustrophobie qui le paralyse. Rentré chez sa copine, il la retrouve au lit avec un autre homme et se défile contrit. Sans domicile fixe, il rencontre Sam pendant des castings qui lui propose de loger dans sa belle maison qui surplombe Los Angeles alors qu’il sera en voyage à Seattle. Petit plus, il pourra épier au télescope sa voisine en vêtements de stripteaseuse qui régale d’une danse érotique et suggestive devant ses fenêtres tous les soirs. C’est là que débute une machination implacable.

Si Body Double s’inscrit dans la veine « depalmienne » des œuvres faisant clairement référence à Alfred Hitchcock, tant par la thématique (comme le héros voyeur dans Fenêtre sur cour ou celui impuissant du fait d’une pathologie et qui se fait manipuler dans Sueurs froides) que par le traitement des séquences (comme l’étranglement avec un fil de téléphone dans le Crime était presque parfait ou la scène de la douche dans Psycho ou encore le « baiser 360° » dans Sueurs froides également) et qui ont constitué mon premier bagage cinéphilique en tant de jeune adolescent, c’est d’avantage le trouble suscité par un style appuyé mais critique, oscillant entre conventions et vertiges, comédie satirique et iconoclaste sur le monde du cinéma (épouvante, thriller, pornographique et même romantique) et de ses acteurs-trices, qui me fait penser que ce film a réellement marqué ma jeunesse, insufflant quelques thématiques (telles que la manipulation, l’illusion de l’image, la dualité inhérente à toute chose ou à tout être[1], la frustration sexuelle ou le voyeurisme et surtout la capacité de dépasser nos phobies et angoisses) qui allaient m’interroger pendant ma vie et qui m’a fait aimer le cinéma pour sa capacité à les matérialiser par des images.

Olivier Assayas écrit au sujet de Body Double : « Que de jeux entre la vérité et le trucage, entre le voyeurisme et le réel. Cette confusion de la perception, cette incertitude quant aux limites du tangible et de l’imaginaire, du désir et du fantasme, c’est sans aucun doute le grand sujet contemporain ». Le dépassement de soi y est également présent.

Diego Cabeza



[2] Olivier Assayas, La place du spectateur, Cahiers du cinéma n° 368, février 1985, p. 32

Projeté dans le cadre de

Du 29 Janvier 2018 au 7 Mars 2018