La Dame du Vendredi
Pour récupérer sa femme, qui veut divorcer, le rédacteur en chef d'un grand quotidien l'envoie réaliser un reportage insensé: interviewer un condamné à mort. Une brillante comédie de mœurs, chef-d'œuvre du timing comique. Dialogues hilarants et joutes verbales se succèdent à un débit de mitraillette, et Hawks compose un hommage au cinéma muet, doublé d'une critique des médias. En pleine guerre des sexes, il révèle la piquante Rosalind Russell, qui tient tête à Cary Grant et Ralph Bellamy.
«Grand nostalgique du cinéma muet, Howard Hawks considérait que le parlant nuisait au rythme des films. Il imposa donc une vitesse vertigineuse aux échanges entre Walter Burns (Cary Grant), démoniaque rédacteur en chef du Morning Post, et son ex-épouse, Hildy Johnson (Rosalind Russell). Ce tourbillon de dialogues en rafale est propice aux bons mots et autres quiproquos. Contrairement à la pièce, Hawks féminise le personnage principal, déplaçant ainsi le cœur de l'intrigue sur les relations homme-femme. Centrée sur les tourments amoureux de Walter et Hildy, La Dame du vendredi est une parfaite illustration de ces "comédies du remariage", ainsi nommées par Stanley Cavell (À la recherche du bonheur : Hollywood et la comédie du remariage, 1981). Derrière cette loufoque crise de couple se cachent toutefois une satire de la presse à sensation et un portrait désabusé de la société américaine des années 1930. Le titre original, His Girl Friday, renvoie à l'expression "man Friday", qui désigne un homme à tout faire. Le cynique Walter désire en effet récupérer sa femme à tout faire, Hildy, à la fois son épouse et sa meilleure journaliste.»
Adrien Rode, Cinémathèque Française
