La Rébellion

De Michael Haneke
Autriche - 1993 - vost - 106' - Couleurs
Synopsis

Andreas Pum a perdu une jambe lors de la Première Guerre mondiale. Revenu à la vie civile, il reçoit une licence pour jouer de l’orgue de Barbarie, mais il se dispute avec un homme puis frappe un policier. Il est alors envoyé en prison et perd sa licence. À sa sortie, il devient homme d’entretien des toilettes dans un café.

Critique

"Seize ans après Trois Chemins vers le lac, et quatre ans avant de s’attaquer avec brio au Château de Kafka, Michael Haneke utilisait à nouveau le média de masse que représente la télévision pour faire connaître à un large public un de ses auteurs de chevet. Il s’agit cette fois de son compatriote Joseph Roth (1894-1939), à travers un bref roman publié en 1924, La Rébellion.

La voix-off très littéraire joue, une fois de plus, un rôle fondamental dans le travail d’adaptation de Haneke, qui profite à plein de la dimension satirique mais, aussi, de la tristesse parfois déchirante de la prose de Roth. Sa réalisation est ici plus ostentatoire avec un travail poussé sur l’image, artificiellement rayée et rendue sépia pour la faire ressembler aux documents d’archives qui ouvrent le film. Le mélange de vérisme et d’expressionnisme évoque le cinéma de Pabst et la dernière partie, où le pauvre Andreas se résout à devenir « Monsieur Pipi » dans un grand hôtel, est un hommage appuyé au Dernier des hommes, de Murnau, avant une séquence onirique avec âne qui cite directement Au hasard Balthazar, de Bresson.

Comme dans Trois Chemins vers le lac, l’adaptation d’un chef-d’œuvre de la littérature, la mise en scène de Haneke, qu’il compose ses plans fixes comme des tableaux ou orchestre d’impressionnants travellings, regorge de trouvailles. Et sa direction d’acteurs fait, déjà, des merveilles : par son interprétation pétrie d’humanité, Branko Samarovski redonne sa dignité à son personnage d’humilié et d’offensé. Et bouleverse."
-Samuel Douhaire, Télérama

"Michael Haneke porte fidèlement à l’écran le court roman éponyme aux airs de fable satirique publié en 1924 par son compatriote Joseph Roth, dont il conserve en voix off la narration au ton ironique et au sens aigu de la formule. La voix naïve d’un antihéros presque kafkaïen qui, s’il ne jure que par l’ordre et se méfie des "païens", s’avère un homme simple et profondément bon, dont le conformisme servile et le souci des convenances se changent, face aux humiliations successives de l’armée, de la police et de la justice, en un sentiment de révolte croissant contre des institutions qui écrasent les individus… S’emparant de cette métaphore cruelle d’une société autrichienne moribonde, Haneke s’amuse avec la forme : la plongée de Pum vers le nihilisme s’habille d’un noir et blanc aux tons sépia et d’une esthétique expressionniste, comme un exercice de style en hommage au cinéma de Pabst ou Murnau."
-Arte

Projeté dans le cadre de

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