Ripples of life

De Wei Shujun
Chine - 2021 - vost - 123' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Un tournage a lieu dans la petite ville reculée de Yong’an. La venue d’une équipe de tournage bouleverse Gu, la patronne d’un petit restaurant. Elle rêve d’une autre vie et se fraie une place sur le tournage. Chen, devenue star de cinéma, revient dans sa ville natale où elle espère retrouver ses amis d’enfance et ses beaux souvenirs. Un débat sans fin persiste entre le réalisateur et le scénariste. Le tournage doit commencer, même si le consensus n’est jamais atteint...

Critique

"On ne compte plus dans les rangs de la sélection cannoise les films qui, centrés sur le cinéma, prennent place dans son petit milieu (Bergman Island, de Mia Hansen-Love) ou mettent un tournage en abyme (The Souvenir Part II, de Joanna Hogg). A ce petit jeu, le second long-métrage du jeune cinéaste Wei Shujun, l’un des rares à représenter cette année la Chine sur la Croisette, se montre sans doute le plus subtil. Ripples of Life, l’une des belles surprises de la Quinzaine des réalisateurs, choisit de se dérouler non pas pendant un tournage, mais juste avant, dans ce moment d’installation qu’on nomme les « repérages », où l’imitation n’a pas encore complètement pris le pas sur la vie, ni le scénario sur la réalité. Cinéma d’auteur chinois tendance Jia Zhang-ke, où les existences se mesurent aux mutations du territoire et où les plans se coulent dans les reflets électriques des éclairages nocturnes, le film séduit plus largement. D’abord par son enchâssement de regards portés sur la vie provinciale, mais aussi parce qu’il parvient, dans la durée, à trouver un ton propre. Mélancolique, bien sûr, parce qu’une ville, même petite comme Yong’an, change plus vite, hélas !, _que le cœur d’un mortel _(Baudelaire). Pétri surtout d’un humour singulier, notamment en ce qui concerne la création artistique. Shujun s’amuse à la démystifier de tout prestige démiurgique, en la montrant au contraire comme une série de hasards, d’égarements, de coïncidences, d’indécisions – ce sont les circonstances plus que les personnes qui font l’œuvre. Le motif du « film dans le film » n’est jamais ici un artefact voué à susciter des jeux de reflets virtuoses. Il occasionne surtout la rencontre de deux mondes qui ne vivent pas à la même vitesse : la petite localité qui sort pas à pas de son engourdissement face à la ruche d’artistes et de techniciens dépositaires d’une culture mondialisée (le réalisateur est un ancien chanteur de hip-hop reconverti). Ripples of Life, qu’on pourrait traduire par « ondulations de la vie » (beau titre), capte tout du long les échos perdus entre ces vies parallèles qui composent désormais notre modernité."
-Le Monde

Projeté dans le cadre de

18 Mars 2024
lundi 18 mars à 20H30 en présence du réalisateur chinois Wei Shujun !