Le Règne animal
Neuf ans après Les Combattants, le réalisateur français Thomas Cailley revient avec son nouveau long-métrage intitulé Le Règne Animal. Présenté en avant-première mondiale au Festival de Cannes 2023 dans la section "Un Certain Regard", puis au Festival du cinéma américain de Deauville 2023, il est porté par un casting séduisant à commencer par Romain Duris, Adèle Exarchopoulos et le jeune Paul Kircher.
En 2021, lorsque la réalisatrice Julia Ducournau avait remporté la Palme d'Or pour son film Titane, elle avait remercié le jury d'avoir bien voulu "laisser entrer les monstres". Deux ans plus tard, ce sont d'autres monstres qui ont envahi la Croisette sous le regard bienveillant de Thomas Cailley. À son tour, il s'attaque au film de genre, à travers une fable écologique qui emprunte, elle aussi, beaucoup à l'imaginaire de David Cronenberg. La scène d'introduction, qui n'est pas sans rappeler The Host de Bong Joon-ho, invite le fantastique dans le quotidien d'un père et de son fils : coincés dans un embouteillage, ils se retrouvent soudain confrontés à une créature hybride, mi oiseau-mi-homme, qui s'échappe d'une ambulance avec une violence fracassante. Quelques secondes après, le jeune Émile (Paul Kircher) fait face à la créature. Ici, Thomas Cailley prend le soin de nous montrer dès les premières minutes ce mutant à l'esthétique aussi fascinante qu'effrayante, pour une raison évidente : il n'est pas l'ennemi. Le film a beau s'appeler Le Règne Animal, c'est surtout d'humanité dont il est question, et le réalisateur la questionne autant lorsqu'il évoque la relation entre son père et son fils adolescent qui ont parfois du mal à se comprendre, que lorsqu'il nous met face à la monstruosité. Qui est vraiment le monstre de ce récit ? (…) Le réalisateur est généreux dans sa manière de mettre en scène son récit, et certaines séquences marquent la rétine, comme celle d'une traque dans un champ, filmée à la fois du point de vue de la proie, que de ceux qui la traquent. Il est également important de saluer le geste esthétique dans un paysage cinématographique français qui est encore frileux lorsqu'il s'agit de s'attaquer au fantastique. Les créatures hybrides et leurs designs organiques sont particulièrement réussis, laissant transparaître ce qu'il leur reste d'humanité dans leurs regards expressifs. (…) Thomas Cailley a l'audace d'emmener le cinéma français vers des contrées peu explorées, avec ce qu'il faut de générosité et de poésie.
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