Mami Wata

De C. J. «Fiery» Obasi
Nigeria - 2023 - vost - 107' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Alors que l’harmonie d’un village isolé d’Afrique de l’Ouest est menacée, Zinwe et Prisca, filles d’une prêtresse intermédiaire de la déesse Mami Wata, se battent pour préserver leur communauté…

Critique

La carrière du cinéaste nigérian C.J. ‘Fiery’ Obasi n’a pas encore dix ans que ce dernier fait déjà preuve d’une approche très éclectique du genre fantastique. Ce dernier peut être explosif comme dans son premier long métrage, Ojuju, où il filmait une invasion zombie comme un film d’action. Il peut être plus sérieusement réaliste comme dans son segment réalisé pour l’anthologie Juju Stories, ou encore pulp et néon comme dans son court Hello Rain, présenté l’an dernier au Festival de La Roche-sur-Yon. C’est néanmoins avec son dernier long métrage, Mami Wata, que l’auteur signe son virage le plus radical.  (…) Ce récit à la simplicité propre aux fables et aux mythes, Obasi le fait passer par deux sacrés filtres de mise en scène. D’abord un noir et blanc stupéfiant, où les éclats de lumière font ressortir de façon presque surnaturelle le ciel nocturne ou le blanc des maquillages et des costumes mi-folklorique mi-futuristes. Il n’y a presque pas un plan de Mami Wata qui ne soit d’une puissante ambition esthétique. L’autre filtre est un rythme d’une lenteur qui, outre qu’elle est très exigeante, fait là encore décoller le film du réalisme vers une sorte de théâtre antique merveilleux. Le résultat n’est sans doute pas le film le plus facile d’accès du cinéaste, mais c’est une réussite formelle radicale qui vaut le coup d’œil.

Gregory Coutaut, le Polyester