Reprise en main

De Gilles Perret
France - 2021 - vofr - 107' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une entreprise de mécanique de précision en Haute-Savoie. L'usine doit être de nouveau cédée à un fonds d’investissement. Épuisés d’avoir à dépendre de spéculateurs cyniques, Cédric et ses amis d'enfance tentent l'impossible : racheter l’usine en se faisant passer pour des financiers !

Critique

Un homme grimpe, sans assurance, sur une grande falaise à pic… Dès son premier plan, cette comédie sociale s’annonce comme une histoire manuelle : la bonne prise pour un alpiniste, ou le bon geste pour un ouvrier, doit se garder quelles que soient les circonstances, mauvaise météo ou vent violemment capitaliste. Comme son père avant lui, Cédric travaille dans une usine de mécanique de précision en Haute-Savoie. Cette vallée où il est né, ces machines qu’il connaît mieux que personne, voilà sa vie. Quand il apprend que l’entreprise va être rachetée par un groupe financier qui risque de la mettre en pièces, il convainc deux amis d’enfance : si des fonds d’investissement peuvent acheter des entreprises sans argent propre, pourquoi pas eux ? Et voilà les trois pieds nickelés en train de créer leur propre fonds… C’est donc l’histoire, simple et souriante, de quelques hommes — et d’une ambitieuse convertie — qui se donnent la main pour garder leur fierté ouvrière, pour que la rentabilité à tout crin ne l’emporte pas sur la technique, et pour que la masse salariale ne soit pas compressée. Cette utopie sans filet, qui part d’une soirée arrosée où l’on tire des plans sur la comète, se poursuivra face à des financiers suisses ou londoniens… En passant à la fiction après maints documentaires engagés (J’veux du soleil !avec François Ruffin), Gilles Perret choisit l’optimisme, et un scénario proche du braquage — comment arnaquer mille fois plus requin que soi — pour refuser la fatalité néolibérale. Un coin de montagne y devient l’emblème du refus de délocalisation. Et la démonstration est servie par quelques « ouvriers ultra qualifiés » du cinéma, comme Grégory Montel, savoureux en petit employé de banque prenant sa revanche, et Pierre Deladonchamps, qui semble avoir réparé des machines toute sa vie.

Guillemette Odicino, Télérama

Projeté dans le cadre de

31 Mai 2023
Reprise en main