Bruno Reidal, confession d'un meurtrier

De Vincent Le Port
France - 2021 - vofr - 101' - Couleurs - Numérique
Synopsis

1er septembre 1905. Un séminariste de 17 ans est arrêté pour le meurtre d’un enfant de 12 ans. D’après l’histoire vraie de Bruno Reidal, jeune paysan du Cantal qui, toute sa vie, lutta contre ses pulsions meurtrières… Premier long métrage de Vincent Le Port, sidérant et magistral !

Critique

Vincent Le Port, dont c’est le premier long métrage de « fiction », recherche un réalisme et un vérisme fidèles au journal intime tenu par Bruno Reidal. Objectivant son sujet comme un cas d’école, sous le regard scientifique des experts, le film fait progressivement découvrir la complexité du personnage et les limites du discours de la médecine. En ce sens, Bruno Reidal touche à des questions humaines essentielles, comme celles de la frontière entre la folie et l’impulsivité, d’une part, et la satisfaction impérieuse et clairvoyante de la pulsion, d’autre part.

Les trois acteurs qui campent le personnage à trois âges de la vie sont stupéfiants de mesure et de justesse, depuis le jeune Alex Fanguin qui interprète le protagoniste enfant, jusqu’à l’intrigant Dimitri Doré, qui joue l’adolescent devenu criminel, en passant par Romain Viledieu, qui prend les traits du communiant en proie à ses fantasmes sadiques. Par le jeu minimaliste de ses acteurs et le style austère de sa mise en scène, le film se situe dans une tempérance qui tranche avec l’horreur du meurtre sans scrupules. Ce choix fait magistralement ressortir le déroulement infaillible d’une existence condamnée à se réaliser dans la destruction orgasmique, autant que son inanité, une fois l’acte accompli. Au-delà du cas Bruno Reidal, se trouve alors posée la question de l’appartenance à l’humanité d’un individu en proie à la banalité du mal.

Miriem Méghaïzerou, culturopoing.com