Black Swan

De Darren Aronofsky
Etats-Unis - 2010 - vost - 108' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Dans la troupe du New York City Ballet, Nina (Natalie Portman) est prête à tout pour obtenir le rôle principal du Lac des cygnes. Mais elle se trouve bientôt confrontée à la belle et sensuelle nouvelle recrue, Lily...Meilleure actrice, meilleur réalisateur, meilleure photographie, meilleure musique... on ne compte plus les récompenses reçues par Black Swan!

En lien avec: En corps et Les Chaussons rouges

Critique

(...) Les deux films majeurs du cinéaste, Requiem For a Dream et The Wrestler, semblent n'avoir pas grand-chose à voir l'un avec l'autre et pourtant Black Swan s'impose comme l'improbable compromis entre les deux. Sorte de pendant antagoniste à The Wrestler pour sa plongée intimiste dans les coulisses du spectacle, le sacrifice physique et les reflexes fétichistes/masochistes qui en découlent, il y troque son vieux bélier rabougri en manque de tendresse pour une jeune et jolie demoiselle ne cherchant qu'à expulser le diable de sa cage. Non content de bouleverser la fébrilité artistique contemporaine, il semble malmener son propre parcours en proposant presque un jeu de miroir déformant avec son film précédent, cachant à peine le statut de dyptique qui les unit de façon définitive. L'un cherche la rédemption et la sagesse, l'autre souhaite imposer son caractère et sa violence. Le premier veut renouer avec sa fille, le second couper les ponts avec sa mère. Mickey Rourke est une âme fragile en quête d'amour, Natalie Portman une fausse sage dont l'épanouissement sexuel atteint les dérives fantasmagoriques.

(...)

Et là, Aronofsky multiplie les prouesses ! Non content de se targuer d'une mise en scène absolument somptueuse, proche de son précédent (caméra intimiste, réaliste, collant au dos de son héroïne) ne donnant que plus de poids à la mise en abime de son personnage/actrice, il disperse son onirisme dans ses scènes de danse qui atteignent une incroyable apogée formelle comme émotionnelle dans la dernière partie du film. Une expérience de cinéma basculant dans un quasi expérience d'Opéra usant des atouts techniques des deux médias pour étaler de toute sa superbe la véritable identité de Black Swan : une fable cynique et tragique, à la lisière de l'irréel dont la beauté n'a d'égal que sa percutante puissance. L'enfantement inespéré de Fight Club et Les Chaussons rouges...

Arnaud Mangin, FilmsActu