Le Goût de la cerise

De Abbas Kiarostami
Taste of Cherry - Iran - 1997 - vost - 95' - Numérique
Synopsis

Au volant de sa Range Rover, M. Badii, la cinquantaine affirmée, cherche quelqu’un qui pourrait l’aider à mener à bien son projet de suicide...

En philosophe aguerri, Abbas Kiarostami appronfondi sa thématique existentielle et transforme cette quête suicidaire en véritable hymne à la vie.

Palme d’Or au Festival de Cannes 1997, en compagnie de L’Anguille de Shōhei Imamura.

Critique

Au tout début du film, Badii aura croisé un petit garçon en train de jouer dans l'épave d'une automobile. «Qu'est-ce que tu fais?» lui demande Badii. «Je joue à la voiture», répond le gamin. Voilà: Abbas Kiarostami joue au cinéma comme cet enfant joue à la voiture. En s'imaginant que ça roule, que ça fait voir du pays, que tout est possible. Dans une compilation d'entretiens parue dans le numéro 493 des Cahiers du cinéma, Kiarostami raconte: «J'avais une grand-mère qui, assise sur le siège arrière de la voiture, disait: "Regarde là, l'arbre, la colline.» Assis au volant d'un film littéralement automobile, Kiarostami est cet artiste qui nous dit: «Regarde là, l'arbre, le chemin, la colline, la voiture. C'est toujours pareil, c'est jamais la même chose"» Dans l'infini des coups d'oeil possibles, il suffit de sélectionner des cadres et de choisir ses angles, il suffit de faire son cinéma et de s'en réjouir. S'il était latin, Kiarostami aurait sûrement filmé comme au début des Bucoliques: «Lentus in umbra», tranquille à l'ombre. Comme il est d'aujourd'hui et que la campagne, du Latium à Téhéran, n'est plus ce qu'elle était, ce Virgile persan a tourné le parfait poème des temps modernes: le Goût de la cerise, autant dire les Mélancoliques.

Gérard Lefort, Libération

Projeté dans le cadre de

Du 6 Juillet 2022 au 23 Août 2022