Réveil sur Mars
La famille Demiri, Kosovars exilés en Suède, est touchée par un mal mystérieux. Les deux aînées, Djeneta, 16 ans, et Ibadeta, 17 ans, sont plongées depuis plusieurs années dans un sommeil profond. En Suède, ce phénomène déconcertant a été diagnostiqué au début des années 2000 et porte un nom : le syndrome de résignation. Ce coma touche particulièrement des enfants de familles de demandeurs d’asile, déjà victimes de traumatismes dans leur pays d’origine, et frappés par un choc émotionnel brutal…
Dea Djinovci suit le rude quotidien des parents, Nurje et Muharrem, entre bataille pour obtenir le droit de rester en Suède et espoir de voir Dejeneta et Ibadeta rouvrir les yeux. Leur vie d’attente et d’incertitude est un entre-deux torturant, sur lequel ils n’ont aucune prise. Leur situation, aussi oppressante qu’énigmatique, la réalisatrice choisit de la raconter aussi à travers le regard et les mots enfantins de Furkan, cadet de la fratrie âgé de 9 ans. Encore traumatisé par la persécution subie au Kosovo en raison de leur appartenance à la minorité rom, angoissé par la santé de ses grandes sœurs, le petit garçon aux grands yeux clairs rêve de s’enfuir sur la planète Mars et se lance dans la construction d’un vaisseau spatial fait de bric et de broc. Ces séquences joliment oniriques, qui tendent, vers la fin du film, vers la fiction poétique, traduisent avec sensibilité l’intériorité d’un enfant confronté au rejet et à la douleur de l’exil.
Marie-Hélène Soenen, Télérama
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