Introduction

De Hong Sangsoo
Corée du Sud - 2021 - vost - 66' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Youngho cherche à se frayer un chemin entre son rêve de devenir acteur et les attentes de ses parents. Alors que sa petite amie part étudier à Berlin, le jeune homme y voit l’occasion d’un nouveau départ.

Critique

I(…) l s’agit, dans Introduction, d’un jeune homme dont on n’est pas bien sûr, jusque tard dans ce film court (1h06) en noir et blanc, qu’il en soit vraiment le héros. C’est le mystère du cinéma d’Hong Sang-soo, plus allusif, évasif même, que jamais, où l’on croise et recroise, à des moments et des endroits différents, des personnages trop occupés à vivre pour nous expliquer leur histoire par le menu. Après La Femme qui s’est enfuie (Ours d’argent du meilleur réalisateur 2020), sorti sur nos écrans en septembre et qui s’amusait à laisser les mâles sur le pas de la porte, la livraison semestrielle du prolifique Sud-Coréen évoque, par bribes, l’apprentissage d’un garçon, Young-ho (Shin Seok-ho), à grands coups de rendez-vous ratés. Une rencontre avortée avec son père, une amoureuse qui se détache à distance, un métier d’acteur lâché sitôt embrassé – Young-ho se refusant à embrasser, justement, sa partenaire de jeu et à mimer des sentiments inexistants… Autant de déceptions et de leçons encaissées avec une pudeur gracieuse par ce grand dadais poli. Minimaliste et plutôt mineur – les allergiques au zoom peuvent respirer, il y en a moins que d’habitude –, Introduction procède à la fois par touches légères et par ellipses vertigineuses, donnant l’impression de surprendre des conversations en cours de route, portant toute son attention sur le présent tant qu’il existe à l’écran. La banalité du quotidien – fumer une cigarette sur un trottoir, boire du soju au restaurant… – se voit néanmoins bousculée par la mise en scène, par les surprises du cadrage, voire par l’irruption d’un rêve qui ne dit pas son nom. Trop midinette pour être honnête, d’un romantisme de roman-photo, la séquence onirique se déroule sur une plage. On n’en dévoilera rien, si ce n’est qu’elle tient du fantasme d’un cœur convalescent. Et qu’à son terme, Young-ho s’offrira un bain de mer hivernal, glacé, sans que l’on sache si ce baptême solitaire aura le pouvoir de transformer le chagrin en courage et le grand gosse, en adulte. (…)

Marie Sauvion, Télérama