The Last Picture Show

De Peter Bogdanovitch
Etats-Unis - 1971 - vost - 126' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Dans une petite ville du Texas, en 1951, il n'y a pour toute distraction qu'un café et un cinéma, qui appartiennent au vieux Sam. C'est là que les jeunes gens, Sonny, Duane et leurs petites amies, se rencontrent, se quittent ou tombent amoureux. Sam est la seule personne accueillante du lieu, et le jeune Sonny aime à l'écouter et à l'accompagner pêcher sur les bords de la rivière. La mort du brave Sam marque la fin d'un certain équilibre. Après la fermeture inévitable du café et du cinéma, les relations entre les jeunes deviennent de plus en plus tendues. Sonny et Duane se battent pour l'amour d'une jeune fille. Duane préfère partir en Corée...

Critique

« Anarene, Texas, 1951. Rien n'a vraiment changé... », promettait l'affiche, dépouillée à l'extrême, qui montrait trois baraques en bois coincées entre l'infinité du ciel et l'immensité du désert. Dans cette petite ville fantôme battue par les vents, à la frontière mexicaine, la jeunesse désoeuvrée tue l'ennui en organisant des surprises-parties décadentes, traîne son spleen dans la salle de billard du vieux Sam. Filles et garçons n'ont qu'une seule préoccupation : perdre leur pucelage avant les autres. Peu importe où — à l'arrière d'une voiture ou dans un motel miteux — et avec qui, pourvu qu'ils soient les premiers. La génération précédente n'est pas mieux lotie. Mariages ratés, amour en berne. La ­libido des uns et des autres occasionne de fugaces étreintes intergénérationnelles. Vouées à l'échec, évidemment. Un seul ­espoir : déguerpir fissa de ce trou paumé. Sonny et Duane s'offrent ainsi une virée au Mexique, dont ils ne rapporteront que deux sombreros et une gueule de bois carabinée. Reste l'armée. Mais servir de chair à canon en Corée n'est guère plus enthousiasmant.

Au casting, à côté de jeunes premiers épatants (Jeff Bridges, Cybill Shepherd), un vétéran des westerns de John Wayne, Ben Johnson, alias Sam le Lion, qui balance des répliques d'un autre âge : « Va plutôt me faire un steak. Et tâche d'y mettre de la viande, cette fois. » Avec cette vision profondément désenchantée d'une Amérique rurale figée dans le passé mythique des pionniers, Peter Bogdanovich signait sans doute le film le plus pessimiste du Nouvel Hollywood. Et l'un des plus beaux.

Jérémie Couston, Télérama

Projeté dans le cadre de

6 février 2022
The Last Picture Show de Peter Bogdanovitch