Memoria

De Apichatpong Weerasethakul
Colombie, Thailande, France, Allemagne - 2021 - vost - 136' - Couleurs - Numérique
Synopsis

La botaniste écossaise Jessica (sublime Tilda Swinton) rend visite à sa sœur, en Colombie. Pendant son séjour, elle est hantée par un bruit retentissant qu’elle seule semble entendre. Ses insomnies vont alors la pousser à retracer l’origine de ce son...

Prix du jury ex-aequo au Festival de Cannes 2021 !

En lien avec : Interstellar

Critique

Chef-d'oeuvre ! On le sait, depuis les premiers éblouissements que furent Tropical Malady (2004), Oncle Boonmee, celui qui se souvient de ses vies antérieures, Palme d’or à Cannes en 2010, ou encore Cemetery of Splendour (2015) : le royaume – ou l’arche – d’Apichatpong Weerasethakul est suffisamment ample et généreux pour accueillir tout un monde, de morts et de vivants, d’humains et d’animaux, de fantômes et de forêts, sondant le présent et le passé de nos peines et laissant filer sur l’onde quelques souvenirs empreints de mystère. Memoria, neuvième long-métrage écrit et réalisé par le cinéaste et plasticien, âgé de 51 ans, parachève le projet sensible du Thaïlandais tout en l’ouvrant à un nouveau territoire, la Colombie, et à une collaboration avec des acteurs internationaux (la Britannique Tilda Swinton, la Française Jeanne Balibar et le Mexicain Daniel Gimenez Cacho). Loin de rétrécir l’univers sensoriel et chamanique du réalisateur, ce dépaysement lui procure une certaine distance pour réinventer son langage, dans un large spectre réunissant le film de genre et l’expérimental, l’installation sonore et les effets spéciaux des superproductions ayant nourri son imaginaire enfantin (E.T.de Spielberg, et son écho dans Memoriasous la forme d’une étrange navette, pressée de quitter la Terre). Présenté à Cannes, en compétition, ce film totem, hors sol, catapultant le spectateur en terre cinématographique inconnue, a obtenu le Prix du jury, ex aequo avec Le Genou d’Ahed, de Nadav Lapid. (…)

Clarisse Fabre, Le Monde