Le voyage dans la lune

De Georges Méliès
France - 1902 - vost - 60' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Le professeur Barbenfouillis, président du Club des astronomes, entreprend une expédition sur la Lune. Accompagné de six savants, il monte dans un obus tiré par un canon. Arrivés sans encombre, les scientifiques découvrent le «clair de Terre», affrontent une tempête et rencontrent d'étranges anthropoïdes qui les font prisonniers...

Le voyage dans la lune sera accompagné d'autres courts-métrages ; Papillon fantastiqueLe Raid Paris Monte-Carlos en deux heures, L'Homme à la tête en caoutchoucLes Aventures de Robinson Crusoe, Le Tunnel sous la Manche ou le Cauchemar franco-anglais et Le Compositeur toqué.

Critique

La poésie cinématographique qui consiste sortir du réel, à le transformer à l'aide d'artifices merveilleux ou fantastiques afin de créer des mondes et l'histoire des trucs et truquages sont nés avec Méliès. Originellement magicien, il assiste à la première projection publique du 28 décembre 1895 et perçoit l'utilité du cinématographe pour ses spectacles. De cet homme et de son imaginaire fantasmagorique viennent l'idée de faire du cinéma autre chose que la simple représentation d'une nature qui s'offre à nous.

Des plans fixes mais un montage dans le plan et un jeu perpétuel avec la caméra et la pellicule. Voilà quelques spécificités formelles de son œuvre qui montre également une facilité déconcertante à utiliser cette machinerie nouvelle dont nul avant lui n'avait imaginé le potentiel. Comme si elle avait été conçue pour à son attention. Et, à voir chacun de ses films, dont Le Voyage dans la lune est certainement le plus célèbre, repris en hommage jusque dans un célèbre clip des Smashing Pumpkins, Tonight  Tonight, on se rend compte qu'il a inventé le plus gros des effets spéciaux non « animés ». Depuis 1915, tout ou presque n'est que déclinaison ou amélioration.

Chaque métrage regorge de trouvailles diverses et variées. Mais Méliès n'est pas qu'un truqueur. Il est également un admirable conteur qui s'est, en à peine une quinzaine d'années, attaqués à tous les genres, de la comédie au fantastique. Et même au film grivois puisqu'il est l'un des premiers à avoir montré un nu au cinéma en 1897 dans Après le bal. Finalement, bien qu'il ne soit pas son premier film, voir Le Voyage dans la lune aujourd'hui c'est revenir aux origines, retourner vers les premiers feux du cinéma, quand tout n'était que mystères, rêves et créations en devenir. C'est ce qui fait toute la beauté de ce court chef d'œuvre.

Nicolas Thys, écran large