Mobile Home

De François Pirot
Belgique - 2012 - vf - 100'
Synopsis

Simon a quitté son travail et son amie en ville pour rentrer dans son village natal où vivent ses parents retraités. Il y retrouve Julien, son copain d'enfance, lequel vit avec son père qui se relève d'une grave maladie. Un soir, sur un coup de tête, ces deux trentenaires décident de réaliser un rêve d'adolescence : partir à l'aventure sur les routes. Ils achètent un camping-car, et se lancent dans leur projet avec enthousiasme, mais une panne les retarde. Qu'à cela ne tienne, ils commenceront leur voyage... sur place. Cette première étape qui s'éternise, les petits boulots qu'ils doivent trouver pour survivre et les rencontres qui s'ensuivent leur ouvrent d'autres perspectives sur leurs désirs réels et sur cet avenir qu'ils ont, un peu vite, rêvé.

Critique

Le seul road-movie qui poétise le surplace

Simon, la trentaine, revient dans son village natal. Il a quitté son travail en ville, son appartement et son amie. Il retrouve ses parents retraités, qui ne l'accueillent guère en fils prodigue, ainsi que Julien, son grand copain d'enfance, qui vit seul auprès de son père à la santé fragile, et tente sans trop de volonté de restaurer une  vieille grange. Une idée saugrenue leur vient : les deux amis décident d'acheter un camping-car et de partir tenter l'aventure sur les routes, là où le vent les mènera.

Une panne les retarde, puis le besoin d'argent. Le voyage ne commence pas. Il finit par commencer sur place. Sur les chemins de l'aventure, des parents, amis, voisins. Des rêves d'adolescent : tomber amoureux pour de vrai, devenir vraiment chanteur. Ils mentent un peu, aux amis et voisins, plus encore aux parents, et surtout à eux-mêmes. Lorsqu'ils ferment à demi les yeux, ils croient voir l'horizon. Et chaque matin semble être celui du départ.

Absurde

Joliment fantaisiste, dans ses ressorts comiques comme dans ses escapades sentimentales, Mobile Home est un divertissement de choix : léger, relevé d'un doux parfum d'absurde, bien joué. Nuancé, énergique, intéressant dans ses contrastes comme dans sa gémellité foncière : le duo Dupont-Gouix est un modèle d'équilibre, dont on s'attache sans mal à suivre les pérégrinations.

Léger, Mobile Home ne l'est pourtant que dans sa première moitié, et jamais complètement. Très vite s'installe et se déploie une mélancolie posée sur une angoisse, dont on peut rire souvent, pas toujours. Le mal de vivre n'est pas mortel, mais pèse. Le camping-car immobile se fait symbole de leur échec et de cette liberté qu'ils ne se donnent pas les moyens d'acquérir. Mais rendre le camping-car, c'est renoncer à la seule chose qui les sépare encore du monde gris des perdants, et donne à leur quotidien circulaire quelques couleurs des vraies histoires.

Rien n'est si dur qu'on ne puisse y survivre. Eux-mêmes ignorent s'il leur manque tout, l'argent, la force, la muse, ou s'ils ont déjà tout ce qu'ils peuvent attendre. Des parents, un toit au-dessus de la tête, l'ami que chacun est pour l'autre. Rien ne les abat durablement, et rien ne pèse bien longtemps sur le film : mais dans les intervalles mesurés entre sourire et larmes se disent de bien belles choses sur une génération hésitante à rêver, et si lente à grandir.

Noémie Luciani, Le Monde

 

Projeté dans le cadre de

2 Janvier 2013

4 Janvier 2013