The Heiress

De William Wyler
Etats-Unis - 1949 - vost - 115' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

A la fin du XIXème siècle, Catherine Sloper vit dans une riche demeure de Washington Square en compagnie de son père, un veuf richissime et tyrannique. La jeune fille, timide et sans grands attraits, fait la rencontre du séduisant Morris Townsend lors d'un bal. Le jeune homme lui fait aussitôt une cour empressée. Devenant un habitué de la maison des Sloper, il demande la main de Catherine à son père. Mais, celui-ci ne tarde pas à accuser le jeune homme d'être un coureur de dot et refuse…

Critique

1850, à New York. Une grande maison sur Washington Square, fermée sur elle-même. Les rideaux sont tirés, les lourdes portes en bois coulissantes enferment les pièces, comme dans un jeu de construction. À l’intérieur de cette maison, un veuf inconsolable et sa fille maladivement timide et terne. Elle lance à ce père adoré des regards de petite fille confiante et ne reçoit en retour que mépris et déception. Olivia de Havilland joue la gourde avec un naturel désarmant. Quand un beau jeune homme tombe — enfin — amoureux d’elle, elle se donne complètement à lui et se moque de connaître les vraies motivations de cet amour providentiel.

William Wyler s’intéresse peu au jeune couple, reléguant Montgomery Clift à un petit rôle de manipulateur cynique pas très fouillé. En revanche, il ne s’éloigne jamais longtemps du père et de la fille, les filmant dans ce même plan où Ralph Richardson écrase de sa prestance la jeune femme apeurée. L’acteur est glaçant en père tourné vers le passé qui idéalise sa femme morte et se venge de ce décès sur sa fille, qu’il ne trouve pas à la hauteur. Il y a beaucoup plus de passion entre ces deux-là qu’entre le jeune arriviste et sa proie. Longtemps privée de sentiments, la pauvre Catherine en veut finalement plus à son père de ne pas l’avoir suffisamment aimée qu’à son prétendant de ne l’avoir désirée que pour son argent. Dans la scène finale, Olivia de Havilland ferme une dernière fois les rideaux avant de remonter l’immense escalier sans fin, ne laissant derrière elle que l’obscurité. Elle est magistrale. Wyler fait du décor un piège suffocant qui finit par dévorer ses personnages.

Anne Dessuant, Télérama

Projeté dans le cadre de

27 Octobre 2021
Mercredi 27 octobre à 20h