Elles, les (in)visibles

De Maevia Griffiths
Suisse - 2021 - vost - 62' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Elles sont celles qui nettoient nos bureaux, nos maisons, nos espaces publics, celles qui s’occupent de nos enfants pendant que nous faisons carrière, qui prennent soin de nos grands-parents en fin de vie. Elles ont tout laissé derrière elles pour construire une nouvelle vie digne, tout en faisant tourner l’économie globale. Elles sont des milliers à Genève. Et pourtant elles sont sans-papiers et souvent, invisibles. Qui sont elles ? Quelle est leur histoire ?

Critique

Invisible déjà: le travail domestique dans l’espace privé, assumé en immense majorité par des femmes. Plus invisible encore: les femmes immigrées sans autorisation de séjour, employées par des particuliers pour s’acquitter de ces tâches. Ménages, gardes d’enfants, soins aux personnes âgées ou dépendantes… Elles sont des milliers à Genève, pour beaucoup originaires d’Amérique latine, vivant et travaillant dans une précarité financière et humaine considérable: salaires parfois dérisoires, pas de cotisation aux assurances sociales, crainte permanente d’un contrôle et d’un renvoi, isolement… Et pourtant, elles subviennent à leurs besoins et à ceux de leurs enfants, trimant de longues journées à des tâches que ni Suisse·sse·s ni Européen·ne·s ne veulent et dont l’économie ne saurait se passer.

En 2017 et 2018, l’opération Papyrus, issue des milieux associatifs et des personnes sans-papiers elles-mêmes et menée en collaboration avec les autorités, régularise une partie des travailleur·euse∙s sans statut légal à Genève en fonction de critères bien précis (indépendance financière, années de présence sur le territoire, absence de condamnation pénale, intégration réussie…). Mais de nombreuses employées domestiques demeurent encore plongées dans la clandestinité, construisant leur vie en marge de la société. C’est à ces femmes, à leur parcours, à leur vécu, que la jeune réalisatrice Maevia Griffiths a voulu donner la parole. Étudiante en fin de Master de développement à l’IHEID à Genève, elle décide de mettre sa recherche universitaire au service d’une question de justice sociale présente directement dans sa ville: « Le thème de l’économie domestique m’a toujours intéressée, c’est une problématique centrale à la question féministe et aux études genre ». Son mémoire de fin d’études prend alors la forme d’un film documentaire, afin de toucher un public plus vaste que celui de la stricte académie ou du monde du développement: « le medium du film permet de rendre un propos plus accessible, de laisser la voix à quelqu’un d’autre que moi, même si j’ai bien conscience qu’il y a énormément de subjectivité, en tant que réalisatrice, dans la manière de raconter l’histoire, de poser les questions… Je trouvais important de parler de la situation de ces femmes et pour moi c’est la meilleure manière de le faire. Et je ne trouvais pas de légitimité à traiter du sujet ailleurs qu’à Genève, dans mon propre environnement. » (…)

Aurélia Babey, L'Agenda

Projeté dans le cadre de

Du 21 Juin 2021 au 27 Juin 2021
du 21 au 27 juin