Les Enfants d'Isadora

De Damien Manivel
France - 2019 - vofr - 84' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Après la mort de ses deux enfants en avril 1913, la danseuse mythique Isadora Duncan a composé un solo intitulé La mère. Dans un geste d'une grande douceur, une mère y caresse et berce une dernière fois son enfant avant de le laisser partir. Un siècle plus tard, quatre femmes font la rencontre de cette danse…

Critique

Après la mort accidentelle de ses deux enfants en avril 1913, Isadora Duncan crée un solo, La Mère, sur une musique de Scriabine. Damien Manivel, lui-même danseur, filme aujourd’hui des artistes qui, à leur manière, redonnent corps à cette chorégraphie. Elles sont quatre. Chacune reliée à la même femme en dépit du siècle qui les sépare, par la grâce du fil invisible de la danse : la comédienne Agathe Bonitzer, Manon Carpentier, une jeune danseuse handicapée, Marika Rizzi, la chorégraphe qui la guide, et enfin, Elsa Wolliaston, grande figure de la danse contemporaine, née en 1945.

De la quête solitaire d’Agathe Bonitzer aux longues discussions qui animent Manon et Marika, jusqu’à la conclusion, déchirante, de la fragile et sublime Elsa, le réalisateur raconte la résurgence de la chorégraphie avec une esthétique d’une grande finesse. L’émotion d’Agathe, par exemple, lorsqu’elle trouve la juste courbure du poignet se déploie dans un magnifique plan de dos, son reflet délicatement cambré dans le miroir. La caméra s’attarde sur les visages, sur la palpitation ténue de la vie : un sourire, une main sur l’anse d’une tasse, la course de l’écume sur le sable… Une invitation à la contemplation, alors que la beauté des images convoque une foule de questions profondes.

Les Enfants d’Isadora est un film sur la danse autant que sur la vie, la perte et le deuil. Que reste-t-il des gestes quand leur raison d’être a disparu ? Que devient la douce caresse d’une mère quand ses enfants ne sont plus là pour la recevoir ? Il y a plus de cent ans, Isadora Duncan esquissait ce bercement de bras vides, prolongé aujourd’hui par ses héritières, avec une ébauche de réponse à l’absence : la mémoire invincible de l’amour.

 Marie Valentine Chaudon, La Croix

Projeté dans le cadre de

4 Mai 2021
de Damien Manivel