Petite fille

De Sébastien Lifshitz
France - 2020 - vofr - 90' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Sasha, né garçon, se vit comme une petite fille depuis l’âge de 3 ans. Le film suit sa vie au quotidien, le questionnement de ses parents, de ses frères et sœur, tout comme le combat incessant que sa famille doit mener pour faire comprendre sa différence. Courageuse et intraitable, Karine, la mère de Sasha, mène une lutte sans relâche portée par un amour inconditionnel pour son enfant…

La séance, proposée en collaboration avec Ciné-doc et Destination vingt-sept, est suivie d'une discussion autour du film et des aspects soulevés par le film. La discussion avec les élèves sera animée par Sarah Maes, médiatrice culturelle, Raphaël Depallens, travailleur social au Refuge Genève, et Blaise Suva, intervenant de la Fédération genevoise des associations LGBT

 

Critique

Petite fille est un très beau documentaire, qui suit le parcours de la jeune Sasha et dans le même temps, de sa famille. La jeune fille le dira avec ses propres mots, à l’une de ses thérapeutes : «je suis née garçon mais je suis une fille». Traitant alors de la dysphorie de genre, le documentaire ne s’intéressera pas au pourquoi, mais portera son regard sur le comment et le parcours que cela peut occasionner. Notamment autour des notions que sont l’acceptation et la tolérance de l’autre. (...) 

Il faut souligner le sublime travail de Sébastien Lifshitz : son documentaire trouve la parfaite distance entre le point de vue et la liberté du réel. Au lieu d’aller au-delà du réel, de chercher ce qui va pouvoir faire basculer le récit, d’aller cueillir des informations qui ne voudraient pas sortir d’elles-mêmes, d’amorcer la trame narrative dans une direction bien distincte, c’est le réel qui s’écrit de lui-même, qui se laisse apprivoiser et non pas le chemin de traverse qu’est la caméra qui irait voler des moments. La jeune Sasha, comme une fleur pour reprendre l’une des expressions de sa mère, éclot devant nos yeux : par ses propres moyens, ses propres mots ou même ses propres larmes. Les rendez-vous avec la thérapeute sont d’une émotion assez rare, et font parfois penser à du Raymond Depardon, tant la réalité semble effacer toute trace de caméra pour alors faire vibrer le visage d’une vérité qui ne demande qu’à être entendue, ou à l’inverse qui laisse le silence agir comme acte de foi. (...)

Avec ces moments de respiration où les gestes parlent d’eux-mêmes, son dispositif simple, ses mots réconfortants, ses regards comblés de larmes qui nous transpercent par tant d’humanité et de souffrance sourde, Sébastien Lifshitz fait de Petite Fille un petit miracle de cinéma et surtout, une réelle réflexion sur nous-mêmes. 

Sebastien Guilhermet, Le MagDuCiné