Sans retour

De Kelly Reichardt
Etats-Unis - 2013 - vost - 112' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Josh travaille dans une ferme biologique en Oregon. Au contact des activistes qu'il fréquente, ses convictions écologiques se radicalisent. Déterminé à agir, il s'associe à Dena, une jeune militante, et à Harmon, un homme au passé trouble. Ensemble, ils décident d'exécuter l'opération la plus spectaculaire de leur vie…

Critique

La cinéaste américaine signe un thriller magique et atmosphérique sur l'avant et l'après d'un attentat perpétré par un groupuscule écologiste.

Vous ne connaissez du cinéma américain que les blockbusters qui pulvérisent entrées et tympans ? Vous éprouvez une sorte de lassitude à l'idée de retourner voir les énièmes super-exploits du énième super-héros extrait des tiroirs de Marvel ou de DC Comics ? Votre connaissance du cinéma d'auteur US s'est arrêtée à la génération prodigue des seventies ? Vous ignoriez qu'il existât encore un cinéma indépendant aux Etats-Unis après John Cassavetes et Monte Hellman ? Vous savez qu'il existe un cinéma indépendant nord-américain, mais vous avez juré qu'on ne vous y reprendrait plus après avoir subi les grommellements égotistes d'un postadolescent de la Grosse Pomme ? Vous gardez espoir et attendez encore un tempérament, une vision, un cinéaste qui vous parle vraiment de l'Amérique, en un mot une révélation digne de ce nom ? Tous ceux qui se reconnaissent n'ont qu'une chose à faire : entrer dans une salle qui donne Night Moves, de Kelly Reichardt, acheter un ticket et se laisser prendre. Par quoi ? Là est la question. Un art subtil et libre de conduire le récit ? Une sorte de magie atmosphérique qui relie personnages, action et paysage ? Une manière de décalaminer et de requalifier l'un des grands genres du cinéma hollywoodien ? Une visée morale universelle émanant d'un fait divers survenu dans l'Etat de l'Oregon ? Un peu de tout cela. Night Moves, beau titre qui apporte avec lui l'idée de mouvement nocturne et d'action clandestine, orchestre donc un thriller de très basse intensité sur fond d'attentat écoterroriste, dans la nature omniprésente de l'extrême-ouest des Etats-Unis. On n'est pas ici dans une pure fantasmagorie : l'Oregon est bel et bien le premier Etat où l'Earth Liberation Front, organisation écologique, anticapitaliste et terroriste née au Royaume-Uni, s'est manifestée aux Etats-Unis, où elle est aujourd'hui considérée par le FBI comme le principal pourvoyeur d'attentats contre les biens du pays.

Jacques Mandelbaum, Le Monde

Projeté dans le cadre de

Du 20 Octobre 2021 au 19 Novembre 2021
Kelly Reichardt, l'Amérique retraversée