Sorry we missed you

De Ken Loach
Grande-Bretagne - 2019 - vost - 100' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Après la crise financière de 2008, Ricky Turner se retrouve sur le carreau. Pour se relancer et dans l’espoir de pouvoir acheter une maison, il est embauché par Maloney comme chauffeur-livreur à son compte... 

Fidèles au sillon qu'ils tracent dans le cinéma contemporain, le réalisateur anglais Ken Loach et son fidèle scénariste Paul Laverty dressent un constat implacable sur une société au service d'un l'ultralibéralisme sanglant qui broie tout sur son passage. C’est poignant et raconté sobrement, sans discours politique ni pathos.

Critique

Nouveau chapitre d’une longue chronique de l’effondrement moral et financier des classes laborieuses, Sorry We Missed You décortique la précarisation assistée par électronique et la disruption de la cellule familiale. Comme toujours, le cinéma de Ken Loach est tiré au cordeau. Pas une once de gras, pas la moindre concession au pathos, juste l’homme nu regardé à hauteur d’homme, juste le spectacle bouleversant du courage et de la dignité bafoués.

Antoine Duplan, Le Temps
 
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Quand le temps, qui détruit tout mais permet parfois d’adoucir certaines humeurs, aura fait son œuvre, on reverra les films de Ken Loach et on sera surpris d’y retrouver intactes les traces brutales du présent. On appelle ça être synchrone. Peu le sont. Ken l’est. Ken l’éternel conquérant avait annoncé sa retraite. Et puis non. Un vrai humaniste, ça ne s’arrête pas en si bon chemin (cinquante ans de carrière, deux Palmes d’or). L’objectif de sa caméra en alerte continue de scruter les inégalités, elle déterre les salauds, met les héros du quotidien sur un piédestal. Un inlassable credo qui ne lasse que les paresseux et les cyniques. À l’heure où Jeff Bezos et son programme Amazon Prime permettent à un colis d’arriver chez le client illico, il fallait bien un Loach pour révéler les visages de celui ou celle que l’on ne regarde pas vraiment, tout accaparé à signer le bon de livraison. Ricky (Kris Hitchen) habite Newcastle, avec femme et enfants. Il galère et décide de s’endetter et de s’offrir une camionnette pour devenir chauffeur livreur. Il le devient mais c’est un engrenage quasi mafieux fait de chantage, de don de soi et de vitesse. En bon naturaliste, Loach part comme toujours du réel qu’il habille de cinéma pour raconter la misère sociale. Pas trop d’ornements non plus, sa mise en scène précise, tranchante, épurée, va à l’essentiel, ne s’excuse jamais d’être comme elle est. Tant que Loach sera là, les « sans-grades » resteront des héros de cinéma, donc des héros tout courts. Poing levé et cœur bien accroché 
 
Thomas Baurez, Première
 

Projeté dans le cadre de

Du 1 Juillet 2020 au 18 Août 2020
Les classiques d'hier et d'aujourd'hui