Honeyland

De Tamara Kotevska, Ljubomir Stefanov
République de Macédoine du Nord - 2019 - vost - 86' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Dans un village abandonné de la Macédoine du Nord, une femme s’occupe de sa vieille mère tout en récoltant le miel de ses abeilles. Sa vie bascule le jour où un autre apiculteur et sa turbulente famille s’installent à proximité de sa cabane.

Critique

(...) Hatidze ne possède rien, sinon ses abeilles, mais elle vit en paix. Soudain, le capitalisme sauvage s’installe à deux pas de chez elle. 

Le capitalisme dans le sens que le plus fort l’emporte. Comme ici, lorsque les abeilles de Mustafa font la vie dure à celles d’Hatidze. Le spectateur, aussi impuissant que cette femme courageuse, assistera à leur extermination.

Hatidze avait vu venir le drame. Il faut voir sa tête, au-dessus de son muret de pierres, lorsque les nouveaux venus déposent leurs pénates à quelques mètres de son lopin, dans un plan-séquence mémorable.

Faisant contre mauvaise fortune bon cœur, Hatidze essaie de cultiver l’amitié des voisins, amuse les enfants, sourit de ses dents croches et pourries.

En dépit du côté très âpre de l’histoire, ce film, lancé à Sundance où il a fait le plein de prix, est une splendeur.

Splendeur dans sa narration, mais aussi, sinon plus, dans sa photographie et sa direction artistique. Un des premiers plans, dans lequel l’apicultrice visite une de ses ruches à flanc de colline, est à couper le souffle. Tout comme ces séquences filmées de nuit dans sa bicoque éclairée à la chandelle. On dirait des tableaux sortis des XIVe et XVe siècles.

On ne peut que souligner l’audace du distributeur MK2 Mile End de nous proposer cette perle d’humanité, ce film d’art, à voir sans faute sur grand écran.

André Duchesne, La Presse

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Honeyland, par le duo macédonien Tamara Kotevska-Ljubomir Stefanov, a été dévoilé dans le cadre de la Compétition World Cinema Documentary de Sundance. Ce beau spécimen de cinéma-vérité propose un parcours extraordinaire du personnel et du local vers quelque chose d’universel, en suivant une apicultrice dans la campagne macédonienne. (...) Kotevska et Stefanov nous livrent ici avec une discipline remarquable, et l’aide préciuse du monteur et producteur Atanas Georgiev, un très bel exemple de cinéma-vérité. Bien qu’ils aient passé beaucoup de temps avec les protagonistes, comme le montre l’accès sans précédent qu’ils ont eu à ces personnages, même dans les scènes où on voit la famille d’Hussein, en pleine querelle, en venir aux mains, ils conservent leur approche strictement observationnelle. (...) 

La photographie de Fejmi Daut et Samir Ljuma est absolument spectaculaire, qu’ils filment la nature, dans des plans larges, où manient une caméra à l’épaule qui fait des soubresauts au milieu des enfants d’Hussein tandis qu’ils tentent à grand peine de maîtriser leur bétail ou s’asseoient chez Hatidze, à la lumière des bougies. (...)

Vladan Petkovic