Alouettes, le fil à la patte

De Jirí Menzel
République Tchèque - 1969 - vost - 94' - Couleurs
Synopsis

Au début des années cinquante, sous le régime communiste, un groupe de « bourgeois » (un professeur, un saxophoniste, un laitier) travaille à sa réhabilitation idéologique dans une décharge de ferraille. Tous continuent néanmoins à vivre, à discourir sur le monde, à aimer.

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Critique

Années 1950. Dans un dépôt de ferraille travaillent des prisonnières, condamnées pour avoir tenté de quitter illégalement le pays et des hommes soupçonnés de ne pas s’enthousiasmer pour le régime. Tout ce petit monde suit avec compréhension l’amour de Pavel pour la jeune prisonnière Jitka. Lors d’un conflit avec la direction, le communiste Mlíkař, le seul volontaire, devient leur porte parole. Mais il est rapidement arrêté, et disparait.

Un des meilleurs films de Jiří Menzel. Après le succès des Trains étroitement surveillés, il adapte - avec son auteur – une nouvelle de Bohumil Hrabal, « Vends maison où je ne veux plus vivre », mais le film est terminé en pleine normalisation. Il sera donc interdit jusqu’en 1989, et c’est la redécouverte et la consécration au Festival de Berlin 1990, quelques mois après la chute du Mur. Aujourd’hui, ce chef d’œuvre n’a pas pris une ride.

Le film est irrésistible de drôlerie, entre tendresse et dérision. Il jongle entre dialogues poétiques et sarcastiques, entre désir amoureux et sous-texte politique, menant ses personnages – comme toujours des anti-héros – jusqu’à la tragicomédie, soignant avec malice les détails de la vie quotidienne. Le ton est iconoclaste mais tendre. Un fantastique loufoque à la Kafka dénonce l’oppression obtuse de toutes les dictatures, et de leur « rééducation ». Toujours d’actualité…

Ours d'or au festival de Berlin 1990.

Centre tchèque de Paris