Avanti !

De Billy Wilder
Etats-Unis - 1972 - vost - 144' - Couleurs - 35mm
Synopsis

Son père, riche industriel, venant de mourir à Ischia au cours de ses vacances, Wendell Armsbruster Jr, saute dans le premier avion pour l’Italie dans l’intention d’en ramener, au plus vite, la dépouille mortelle. Mais il arrive un jour férié…

Critique

L'éveil à la vie et à l'amour d'un esclave de l'American way of life. Un Wilder généreux en gags et en leçons de vie. Bonheur total.
C'est un film méconnu de Billy Wilder (mort en mars dernier), et c'est pourtant une pure merveille. Wendell (Jack Lemmon), jeune pdg américain, débarque à Ischia en Italie pour rapatrier le corps de son père mort dans un accident de voiture. Ce n'est que le début d'une longue série de quiproquos qui, filmés par un autre, ne seraient que du théâtre de boulevard, mais se transforment sous la caméra de Wilder en épopée métaphysique. Wendell découvre en effet que son père venait chaque été à Ischia pour retrouver une maîtresse anglaise, elle aussi tuée dans l'accident, et dont la fille, Pamela, est venue s'occuper de la dépouille. Pamela et Wendell vont ainsi se retrouver dans les pas de leurs parents. Idée à la fois morbide et sublime que Wilder sait explorer jusque dans les recoins les plus troublants. Evidemment, on n'attend que le moment où ils vont se tomber dans les bras eux aussi, et c'est diabolique à quel point le cinéaste organise ce rapprochement comme une partie d'échecs dont chaque coup est un gag, souvent tendre d'ailleurs tout en restant efficace, ce qui est le grand art absolu en matière de comédie. Mais Wilder glisse aussi beaucoup d'autres idées qui lui tiennent à cœur dans cette intrigue tarabiscotée : le choc des cultures entre une Amérique puritaine et assoiffée de rentabilité et une Italie hédoniste à l'art de vivre décomplexé (et devinez où va la préférence de Wilder...). Le vieux Billy plaide pour la sociabilité, l'amitié, l'amour, et même le sexe. Le tout avec une élégance et un humour qui n'appartiennent qu'à lui. Le film est sans doute trop long (plus de deux heures, et une avalanche de fins) mais c'est encore le signe de la générosité de Wilder, dont ce film est un pur manifeste.

Olivier Nicklaus