Irma la Douce

De Billy Wilder
Etats-Unis - 1963 - vost - 147' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Nestor Patou, un flic parisien intègre et naïf, se fait virer de la police après une descente dans le quartier chaud de la capitale. Il devient par erreur le nouveau mac d'Irma la Douce, une prostituée dont il tombe amoureux…

Critique

(…) 

Irma la douce est sorti en 1963, au moment où le puritanisme hollywoodien battait en retraite. Si bien qu'un grand studio – la MGM – a accepté de financer un scénario (signé de Wilder et de son collaborateur habituel I.A.L. Diamond) adapté d'une comédie musicale française (d'Alexandre Breffort et Marguerite Monnot) mettant en scène une prostituée des Halles parisiennes et son jules. Irma (Shirley MacLaine) exerce son métier consciencieusement, Nestor Patou (Jack Lemmon) est un poulet de la dernière couvée, qui se fait renvoyer de la maison poulaga pour être descendu sur la rue où travaillent Irma et ses collègues un jour où le commissaire s'y distrayait. Au chômage, amoureux d'Irma, il en devient le mec, à son corps défendant.

Wilder a dépouillé cette histoire à la fois simplette (ils s'aiment, malgré tout) et abracadabrante (s'accumulent l'irruption d'un faux lord anglais, un procès bâclé et une filiation douteuse) de sa musique et de ses chansons. Des Halles de Paris, détruites depuis sur ordre de Georges Pompidou, il ne montre que quelques plans, situant l'essentiel du film dans des décors d'un artifice délirant. Cette stylisation a un but : mettre en scène un duo dont il ne se lasse pas, MacLaine et Lemon, qu'il a déjà dirigé dans La Garçonnière.

Il en avait fait des êtres à la dérive, corrompus par la banalité et la cupidité quotidiennes. Malgré leur statut social Irma et Nestor sont d'une pureté incorruptible et pour une fois, Wilder ouvre une brèche dans la muraille de son cynisme. Cette aspiration à l'innocence se traduit par l'emploi fréquent de formes comiques vieilles comme le cinéma muet - poursuites, quiproquos, grimaces outrées (il faut voir Lemmon entre deux têtes de veau)... Pourtant, Lemmon et MacLaine ont toute la place nécessaire pour donner de l'épaisseur à leurs personnages de pure fiction, et l'on dirait que si le film dure si longtemps (plus de deux heures, on l'a reproché à l'auteur) c'est que Wilder ne se résolvait pas à les quitter. (…)

Thomas Sotinel

 

Projeté dans le cadre de

Du 10 Juin 2020 au 30 Juin 2020
Une rétrospective