Johanna
Si vous ne voyez qu’un seul opéra filmé sur Jeanne d’Arc, se déroulant dans un hôpital de Budapest et mettant en scène une infirmière droguée qui se tape ses patients - eh bien, il faut que ce soit Johanna. La passion baroque de Kornél Mundruczó est différente de tout ce que nous verrons cette année (et peut-être de n’importe quelle autre). Orsi Toth joue le rôle d’une morphinomane martyrisée, adoptée comme sainte par les habitants d’une institution en ruine de style soviétique. Laissée à elle-même pendant le service de nuit, elle vient se faufiler entre les bassins de lit pour chevaucher tendrement ses malades et faire vibrer leurs perfusions. «Elle me guérit et je n’ai plus besoin de pacemaker», s’émerveille un ancien. «Dans mon minuscule sein, le lait chaud de la bonté dort !» explique Johanna. (...) La partition de Zsofia Taller fait mouche, mais ce sont les effets visuels effrayants et lumineux qui restent le plus longtemps en mémoire.
Xan Brooks, The Guardian