Au fil de l'eau

De Fritz Lang
Etats-Unis - 1950 - vost - 83' - Noir et Blanc - Numérique
Synopsis

Un écrivain un peu dérangé tue accidentellement sa gouvernante alors qu’elle refuse ses avances et fait accuser son frère, innocent, du meurtre.

Proche du Secret derrière la porte tourné deux ans plus tôt, on retrouve ici une atmosphère puissante, sombre et noire, et une évocation terrible des affres de la culpabilité.

Critique

House by the River (Au fil de l'eau) (1950) est une étude criminelle géniale et terrible, dans laquelle Fritz Lang dresse le portrait d’un assassin particulièrement répugnant. Fritz Lang s’intéressa tout au long de son œuvre à l’arbitraire du Destin et à la psychologie criminelle. Il a souvent montré dans ses films, de M le maudit à La Cinquième Victime, que les assassins sont aussi pathétiques que leurs victimes, captifs et esclaves de leurs pulsions ou de l’engrenage social. Mais jamais Lang ne s’est approché aussi près du Mal incarné (sauf bien sûr dans ses œuvres abordant ouvertement le nazisme) que dans cette géniale série B, un des titres les plus sous-estimés de sa carrière américaine. House by the River est un film qui aborde des thèmes psychanalytiques, comme avant lui d’autres films de Lang, qui s’intéressait aux théories freudiennes, aux rêves et à l’inconscient. House by the River baigne du début à la fin dans une atmosphère sombre et gothique. Un écrivain raté étrangle par accident sa jeune et séduisante bonne. Il jette le corps dans le fleuve avec la complicité forcée de son frère, un honnête homme abusé une fois de plus par les mensonges de son cadet, qu’il a toujours protégé tout en déplorant la faiblesse de caractère. Exalté par ce crime qui réveille en lui des désirs de puissance et de gloire, l’écrivain transforme le fait-divers en tremplin publicitaire pour sa carrière littéraire, fait peser les soupçons sur son frère et adopte un comportement de plus en plus irascible et violent à l’égard de son épouse. Si Lang souligne la pathologie de son criminel, rongé par la frustration et l’impuissance créatrice et écrasé de surcroît sous le poids de l’hypocrisie bourgeoise, il refuse de lui accorder des excuses et nous fait partager son dégoût pour ce personnage abject qui bafoue la morale et la décence. Lang laisse éclater dans cette œuvre au noir un pessimisme aussi implacable et précis que sa mise en scène.

Olivier Père, Arte

Projeté dans le cadre de

Du 9 Septembre 2020 au 8 Octobre 2020
Rétrospective