Journal Intime
Journal intime d'un personnage qui se promène en Vespa dans Rome, puis va retrouver un ami sur les îles Éoliennes et enfin se fait soigner par plusieurs médecins qui ont tous un diagnostic différent..
Un vrai-faux journal dont Nanni Moretti est l’auteur et le narrateur avec une liberté narrative follement réjouissante. Prix de la mise en scène, Festival de Cannes 1994.
Nanni Moretti a réussi le tour de force de se prendre pour sujet et de faire son film le moins égocentrique, le plus universel, le plus partageur possible. Le premier sketch est un pur bonheur : une balade en liberté dans Rome, où Moretti danse sur sa Vespa tout en offrant un apologue sur le cinéma plein de justesse et d'ironie, clos de façon bouleversante à l'endroit où fut assassiné Pasolini. Et pourtant cette première demi-heure, qui prend son temps, ne se saisit totalement qu'à la fin du troisième chapitre, où le cinéaste décrit avec humour sa victoire sur la maladie : c'est le sentiment unique de la guérison qui fait aujourd'hui de lui un « splendide quadragénaire » goûtant la simple joie de boire un grand verre d'eau, de mimer un mambo insolite, de taper dans un ballon de football, de déambuler, libre, dans Rome.
Par son audace et sa liberté narrative, ce vrai-faux journal intime pose tous les problèmes du « pacte autobiographique » et invente un cinéma à la première personne, qui est l'emblème de la résistance au récit trop structuré et trop stérile (hollywoodien, donc). L'usage de la musique est admirable, et l'on referme les pages de ce « cher journal » en comptant un ami de plus : Nanni Moretti, cinéaste moral, quelqu'un de bien.
Aurélien Ferenczi, Télérama


