Le Jardin des Finzi-Contini

De Vittorio de Sica
Italie - 1970 - vost - 94' - Couleurs - Numérique
Synopsis

Italie, 1938. Ayant entrepris depuis peu de se convertir à l'antisémitisme, le régime fasciste multiplie les mesures vexatoires contre les Juifs italiens, mais la famille Finzi-Contini, pilier de l'aristocratie de Ferrare depuis des générations, ne croit pas à l'imminence de la menace…

Critique

La presse quasi unanime a salué ce film comme la renaissance d'un grand cinéaste (…). On ne croyait plus en De Sica, or, à partir du très beau roman de Giorgio Bassani, il nous donne une oeuvre passionnante, austère, qui retrouve parfaitement l'atmosphère des années honteuses de son Italie. Le Jardin des Finzi-Contini est construit à partir d'un univers clos, au sein duquel des morts en sursis accordent aux sentiments ou aux passions de la vie quotidienne une importance qui va sembler dérisoire à l'heure du massacre des innocents. La grande réussite du film, c'est d'avoir exprimé la menace qui pèse sur cette maison comme s'il s'agissait d'une force invisible reconnaissable à quelques symptôme dont on n'apprécie pas tout de suite l'importance. On peut expliquer ainsi l'étrange pouvoir de fascination que possède ce film, celui de la corrosion d'un monde que Vittorio De Sica décrit en des images d'une grande beauté formelle. Teintes irrisées, celles des souvenirs nostalgiques, académisme d'une mise en scène soucieuse d'informer sur le moindre détail, imbrication parfaite des relations individuelles et des événements sociaux, lenteur de la progression à l'image de la montée insidieuse du poison raciste, tous ces éléments de mise en scène (…) expriment d'une manière émouvante le piège vénéneux qui s'empare de l'intériorité des êtres et des choses. Venant après Le Conformiste, La Stratégie de l'araignée (où l'on retrouve la même palette colorée), Le Jardin des Finzi-Contini, chronique de l'assassinat d'une classe bourgeoise déjà menacée de décadense, est une précieuse mise au point sur les responsabilités de l'Italie mussolinienne.

Raymond Lefèvre, La Revue du Cinéma,  1972